Translate

jeudi 13 janvier 2011

Zemmour... déjà condamné

Monsieur Zemmour, la réalité la plus brutale n'est pas celle que vous croyez. Vous connaissez l'histoire de la poutre, de la paille et du voisin ? Monsieur, les raisonnements que vous exposez pour essayer de défendre votre immaturité médiatique, pour essayer d'expliquer le fruit de votre grande suffisance péremptoire, Monsieur, ces raisonnements n'abuseront personne, même pas vous. Monsieur Zemmour, la réalité brutale est le vide abyssal de votre raisonnement.

Vous avez voulu tenter une ultime provocation, et c'était celle
de trop. Reconnaissez-le, présentez vos excuses, et quittez la scène journaliste, vous n'avez rien à y faire.

A part Monsieur Chevènement, sans doute en mal de médiatisation, vos amis devant qui on évoque votre nom dans les salons parisiens, baissent la tête un peu gênés, puis parlent d'autre chose.

Monsieur Zemmour, vous êtes pitoyable et pathétique, et dans vos propos et dans votre axe de défense.

Mais ce qui est grave Monsieur Zemmour, c'est que vos propos arrivent dans un contexte où l'islam fait peur, où l'étranger, pourtant français, basané ou noir est perçu comme un ennemi à la culture française, où le Front National, du fait de ce type d'inepties, et des piètres réponses de la classe politique traditionnelle, gagne du terrain. Monsieur Zemmour, vous êtes diabolisant, vous vous rendez coupable d'incitations à la haine raciale.

Monsieur Zemmour, croyez-vous vraiment une seconde que le taux de délinquance auquel vous faites référence est lié à une couleur de peau, à une appartenance religieuse, ou à une origine ethnique ? 

Alors pour vous la réalité, dure, est que x % des délinquants sont noirs ou arabes ? Et c'est une réalité que "vous voyez", nous expliquez-vous. 

Monsieur, vous présentez un constat, certes vrai, pour en faire une explication parfaitement fausse. C'est perfide, mais ça fonctionne. Et la facilité intellectuelle peut vous faire donner raison par certains. 

C'est vrai dans le constat, Monsieur Zemmour. Mais, et vous le savez, présenter ce dénominateur commun à la majorité des délinquants, c'est implicitement, de facto, et très clairement, expliquer la délinquance. Alors pourquoi présenter ce dénominateur commun ? Puisque vous nous dites, au tribunal, que c'est le fruit de vos observations, pourquoi est-ce que c'est la couleur de peau que vous regardez chez un délinquant ? Sa religion ou son origine ethnique ? C'est quand même curieux comme observation, non ? Vous auriez pu tout aussi dire que la police contrôle les hommes de plus d'1m65, car 92 % des délinquants font plus d'1m65. Ou que 84 % des délinquants sont droitiers. Ou que 91 % des prisonniers sont issus d'un milieu défavorisé. Alors pourquoi ce facteur ethnique ou religieux plus qu'un autre ?

Monsieur Zemmour, vous savez pourquoi les flics contrôlent plus les Noirs et les Arabes ? Parce que ce sont tout simplement des contrôles dans les zones "sensibles" dont on parle, et que dans ces zones sensibles, dans les quartiers, dans ces endroits pauvres à plus de 25 % de chômage, la majorité de la population qu'on y a parquée est noire ou arabe. Alors oui, ce sont des Noirs et des Arabes qui sont contrôlés, mais en même temps il n'y a quasiment qu'eux dans ces quartiers à contrôler. Et vous savez pourquoi il y a plus de délinquance chez eux ? Pas en raison de ce que vous observez, mais en raison de la pauvreté et du chômage. Eh oui, c'est cette donnée là qu'il vous fallait observer, qu'il vous fallait voir, qu'il fallait communiquer. C'est sans doute moins vendeur, mais ça a la mérite d'être vrai.

Et le paroxysme de votre mauvaise foi est atteint quand vous évoquez la discrimination qui veut dire "choisir, sélectionner, ça n'a rien d'infamant". Non Monsieur Zemmour, discrimination, ne veut pas dire ça. Choisir, sélectionner, c'est un acte positif. Or "discrimination" vient du latin "discrimintio" qui veut dire... "séparer". Dans le langage courant, c'est-à-dire dont le sens est partagé par tous, je vous renvoie à Lacan, cela veut dire "identifier un individu ou un groupe d'individus en raison d'un caractère qui leur est propre pour leur appliquer un traitement spécifique négatif". Pourquoi négatif, allez-vous me rétorquer avec votre perfidie habituelle ? Parce qu'on a inventé le terme de "discrimination positive" pour faire référence à un traitement non spécifique et non négatif.

Et ça Monsieur Zemmour, vous êtes suffisamment intelligent pour le savoir. Mais suffisamment suffisant pour croire que les autres ne le savent pas.

Monsieur Zemmour, peu importe l'issue de votre procès, car vous êtes déjà condamné à une peine terrible, la pus terrible pour vous : vous êtes ridicule, et vous le savez.

Monsieur Zemmour, être contraint de faire venir témoigner des amis en gage de bonne moralité, prouve, s'il le fallait, que l'ensemble de votre "œuvre" ne suffit pas à le prouver, et qu'on est en droit, sans témoignage de vos amis, d'en douter... de votre bonne moralité.

Mais dernière question Monsieur Zemmour, si vous êtes condamné, dans quelle catégorie de la statistique vous mettrez vous ?

Recevez Monsieur Zemmour, l'expression de ma considération qui vous est due en pareille circonstance.

Karim Guellaty







6 commentaires:

  1. d'après le magazine l'Express : le Canonge, fichier qui comporte l'état civil, la photo et la description physique très détaillée des personnes «signalisées» lors de leur placement en garde à vue, comprend à Paris environ 103 000 hommes, dont 37% de Blancs, 29% de Nord-Africains, 19% de Noirs et 15% d'autres origines. Assez parlant, non ?

    RépondreSupprimer
  2. Là, y'a gêne... les propos de Zemmour ne sont pas nés d'aujourd'hui, et ses défenseurs ont trouvé un joli précédent !!!
    http://unionroyalistebvm.over-blog.com/article-enorme-en-2005-le-president-de-sos-racisme-parlait-comme-zemmour-65312607.html
    Preuve, peut-être, que la conscience collective évolue...

    RépondreSupprimer
  3. Non, Christophe, avec tout le respect que je vous dois, je ne pense pas que la conscience collective ait beaucoup changé sur ce sujet. Si le président de SOS-Racisme tient des propos similaires a ceux de M Zemmour alors il sera condamnable aussi.

    Je ne lierai pas ce président a la conscience collective car ce serait une generalisation infondée comme celle faisant l'objet du procès de M Zemmour.

    Demanderez-vous alors pourquoi ce président n'a pas été condamné pour ses propos. Honnêtement, je ne sais pas. Je n'ai pas lu son texte en entier, ni connu le contexte dans lequel il a été communiqué. Et même si je l'avais lu et avais forgé une opinion sur ce président et son texte, mon avis n'aurait pas non plus représenté la conscience collective.

    Soyons plus indulgents, nous avons ici un problème de mauvaise généralisation des sujets. Même si l'article de ce blog n'offre pas de définition claire du consentement général, il nous fournit quelques bons exemples des pièges à éviter quand on se croit détenir une vérité et on veut la communiquer.

    Point de détail: pourquoi l'unionroyalistebvm demande à SOS-R de retirer sa plainte contre M Zemmour, au lieu de porter plainte contre SOS-R pour le même motif ? Cet arrangement ne me semble pas être dans l'intérêt des gens comme vous et moi.

    RépondreSupprimer
  4. @Anonyme, commentaire du 17 janvier 2011 21:23

    Je ne sais pas si ces statistiques vous disent quelque chose. Mais pour moi, ils ne me disent pas grande chose.

    Ma raison vient d'une blague classique: un médecin généraliste a l'air très optimiste en disant à son patient, atteint d'une maladie mortelle dont le taux de guérison est seulement 1% : "Ne vous en faites pas, j'ai déjà eu 99 patients de cette maladie, ils sont tous morts !"

    Ces chiffres résument des faits, on en est d'accord. Mais si à partir de là vous voulez généraliser en quelque chose, alors je vous prie de me démontrer que votre généralisation a du sens avant de le faire.

    Alors nous devrions peut-être laisser ces statistiques dans leur rôle: résumé de faits. Si l'on veut les analyser (ce qui est l'étape d'après) alors faisons-le bien: examinons ces statistiques individuellement, minutieusement dans leur contexte, ne les laissons pas dans leur état brut du résumé de x% de tels ou tels pour faire avancer nos calculs.

    RépondreSupprimer
  5. "la pus terrible [issue] pour vous : vous êtes ridicule, et vous le savez."

    Ridicule? Oui, complètement... La plus terrible issue pour Zemmour? Je ne le pense pas, après tout, c'est comme ça qu'il gagne sa vie, en étant ridicule.

    Ce type est un bouffon, un amuseur public, c'est le clown triste. Il entarte fréquemment des invités rendus aphones devant tant de perfidie tout comme le public qui trouve que "quand même il y va un peu fort". Alors quand c'est lui qui se prend la tarte dans la gueule par un invité récalcitrant, le public jubile : c'est "un grand moment de télé"... C'est les jeux du cirque ou du wreslting (c'est plus tendance). Zemmour n'est rien de plus qu'une créature médiatique, un pantin qui remplit son rôle pour faire de l'audience.

    RépondreSupprimer
  6. Les statistiques sont des faits, en effet. Je ne généralise rien. Zemmour, lui, l'a fait.
    Je n'ai fait qu'apporté les faits et vous ai donné la source afin de contredire ce raisonnement absurde.

    RépondreSupprimer