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mardi 23 novembre 2010

karachigate... pour les nuls

Et un nouveau scandale, un. 

Vente d'armes, retro-comissions, financement de campagne électorale, stratégies politiques, attentat, tous les ingrédients d'un bon polar. Sauf que là, c'est la vraie vie et qu'il y a eu 15 morts.
Et une nouvelle fois, cette affaire a peu de chances juridiquement d'aboutir, on verra pourquoi.

De quoi parle t-on ?

- 21 septembre 1994, la France via la DCN
(Direction des Constructions navales) vend 3 sous-marins Agosta au Pakistan. Prix de vente 850 000 000 euros dont 83 000 000 euros de commissions. En 1994, le versement de commissions n'est pas prohibé par la loi. Signataires : François Léotard, Ministre de la défense, balladurien, et son directeur de cabinet, Renaud Donnedieu de Vabres. Intérmédiaires français : Ziad Takieddine, Abdulrahman El-Assir et Jean-Marie Boivin.

- A noter que préalablement à la signature, Sarkozy, au budget n'est pas favorable à ce contrat qu'il juge "déséquilibré".

- 26 avril 1995 : crédits de 10 000 000 euros en liquide sur le compte de campagne d'Edouard Balladur. D'où vient l'argent ?

- 7 mai 1995 : élection de Jacques Chirac à la Présidence de la République
- 1996 : Chirac demande à Juppé, premier Ministre, Dominique de Villepin , Secrétaire général de l'Elysée et Charles Millon, Ministre de la défense, de voire cette "affaire" de vente de sous-marins et de stopper le paiements des commissions, soupçonnant des retro-commissions pour "les balladuriens". Les paiements sont stoppés et Juppé fait mettre sur écoute les anciens membres du Cabinet de Léotard. Stoppe t-on des paiements uniquement sur la base de soupçons ? n'est-on pas en droit de penser que les dirigeants de l'époque en avaient la preuve formelle mais peu avouable et pas légale.

- 5 mai 2002 : réélection de chirac

- 8 mai 2002, soit 6 ans après l'arrêt des paiements : attenant à Karrachi, 15 morts, dont 11 français travaillant pour la DCN.

- décembre 2002 : un rapport internet de la DCN évoque officiellement, et pour la première fois, un lien éventuel entre arrêt des versements des commissions et attentat.

- courant 2009 : les juges anti terroristes qui instruisent le dossier, évoquent la possibilité de financement de la campagne de Ballladur par le biais de retro-commissions.

- Octobre 2010, Van Ruymbeke est saisi d'une enquête sur le financement de la campagne de Balladur.


Voilà où nous en sommes, et encore, on fait simple.
Et ces pauvres familles de victimes sont au milieu d'un combat politique qui ne va pas faciliter l'éclatement de la vérité.

Car que cherche la justice en réalité ? Il y a deux enquêtes, la première sur les attentats et la seconde sur le financement politique

La première intéresse les familles des victimes, la seconde moins.

Or la première a peu de chance d'aboutir. Les juges vont devoir démontrer, d'une part une faute, qu'on peut imaginer par le biais de retro-commissions ou par la suspension des paiements, d'autre un part un préjudice, là, il est évident. Et enfin un lien de causalité entre la faute et le préjudice, c'est à dire qu'il va falloir démontrer formellement que l'arrêt des commissions a bien provoqué l'attentat. Et ce n'est pas les témoignages de celui-ci ou de celui-là, qui effectivement craignaient des représailles à l'interruption des paiements, qui apportent la preuve de ces représailles et qu'il s'agit de représailles. Donc à moins d'avoir un des terroristes qui viennent témoigner, il parait difficile que cette voie puisse prospérer.

Ne reste plus donc dans ce dossier que la branche politicienne, avec le financement de campagne politique, une affaire purement scandaleuse, purement crapuleuse. Une de plus, après  les affaires Urba, Rainbow Warrior, Geroges Habbache, le sang contaminé, Elf, le crédit lyonnais, l'angolagate, Ben barka, les diamants de Giscard,  les frégates de taiwan, le juge borrel, les offices HLM, les emplois fictifs et j'en passe et des meilleurs. Et à chaque fois, la république devait imploser. Et chaque fois, à part deux ou trois condamnations, un ou deux destins de fusibles brisés, rien. Takiedinne va sans doute sauter, Bazire recevra quelques gouttes, l'Elysée niera l'implication du chef de l'état, Balladur s'offusquera, tous crieront au complot, et nous on en restera avec un peu moins d'illusion, s'il nous reste encore quand ça arrivera.

Peut être que cette fois-ci sera la bonne, mais en France, seule la régionalisation a fait démissionner un Président, régionalisation mise en place 20 ans plus tard. alors des affaires il y aura surement d'autres, et des tas qu'on ne connait pas encore mais qui sont déjà consommées.

Que le prochain Président qui nous déclare vouloir faire de la politique propre commence par se constituer prisonnier.


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