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vendredi 19 juillet 2013

Brétigny. Un drame et un seul acte.


Brétigny, des blessés, des morts.  Des regards hébétés, des regards de désarroi, des regards de peur, peur de ce qui s’est produit, peur de la nouvelle, peur de ne pas savoir, et peur de comprendre.

Brétigny, un drame. Des secours exemplaires, une organisation sans faille, le plan blanc déclenché. Une médecine dépêchée sur place, une lutte pour la vie démarre.

Brétigny, l’information qui déraille. Callaissage. Pillage. Ces affreux arabes qui viennent dépouiller l’autochtone, pas encore froid. Et tant pis si les dépouilles servent d’alibis aux complotistes du français décomplexé qu’une frange de la droite veut récupérer. La haine est sortie du Buisson.

Brétigny, ça fuse. 6 familles en deuil ca ne
suffit pas. Des centaines de gens blessés dans leur chair, ça n’est pas assez. Voyons plus loin, soyons grands, car la grandiloquence est bien la dernière chose qui tue. Le monde à l’envers. La banlieue doit payer. Parce que quoi qu’il se passe en banlieue, elle doit passer à la caisse. Banlieue stigmatisée, banlieue martyrisée, banlieue malmenée, mais banlieue coupable. Coupable d’être banlieue. Il y avait les DOM, il y avait les TOM, il y a les TOP. Territoires Outre Périphérique où il ne fait pas bon être, où il faut ne pas être, les TOP coupable de nos maux, telle est la réponse. Pour la droite, karchérisée de ses complexes, mais aussi pour la gauche, car ce chemin là passe par roms.

Brétigny, c’est le symbole d’une France malade. C’est l’illustration d'un pays à deux vitesses sur deux voies devenues bien différentes. Celle entretenue, bichonnée, filmée, exportée, illustrant le vieux continent sur les rails de la technologie, de la croissance, de la grande vitesse. Une machine lancée à 600 km/heure et qui va tellement vite, qu’elle ne peut même plus voir ce que les gens à quai traversent.

On oublie les chemins de traverse. Les locomotives d’hier ne vont plus assez vite. Le corail devient déchet parce que chaque défi perdu efface les défis gagnés. Cette machine là ne s'integre plus dans le paysage, même si nous avons modifié le paysage pour qu'elle n'y trouve plus sa place. Et le mérite d’hier fait la honte d’aujourd’hui. Trop lente, les machines coutent. Et la voie de garage devient mortelle.

Brétigny, la croisée des chemins.  Brétigny c’est d’abord un drame, ensuite un drame et enfin un drame. A tout point de vue.

Même les récupérations politiques sont passées de lamentables à nauséabondes.

Parce que Brétigny, c’est le symbole d’une France à deux vitesses, parce que Brétigny c’est le symbole d’une banlieue qui hurle à l’injustice ou à la justice.  Parce que Bretigny c’est la pavé dans la marre d’une France malmenée. Parce que Brétigny est devenu un symbole alors que c’est un drame.

Caillassé ou pas, pillé ou pas, la récupération qui en a suivi est une ignominie. Et ce sont ces victimes qu’on tue une seconde fois.

Il faut informer, dire, raconter, relater, arrêter la langue de bois nous expliqueront les langues de putes. Point décence, adieu la retenue. Le venin a toujours pour alibi la vérité, fussent-elle fausse.

L’islamophobie ca paie toujours … ou presque. L’islamophobie, ce n’est pas grave, et ca ne doit pas occulter le reste, surtout des seins. Même timbré, on peut être cacheté. Et ça fait foi.

 La marseillaise avant, le train maintenant, il faudrait songer à siffler la fin de cette partie nauséabonde.

1 commentaire:

  1. Bravo. c'est très juste comme toujours. j'adore le rythme qui fait penser à un train...
    LN

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