Translate

samedi 22 octobre 2011

Je parlerai de la Tunisie, la voie des nations


Sans doute un des billets les plus compliqués. Il convient déjà de cesser les palabres de la Tunisie dont je ne parlerai pas et autres échanges épistolaires virtuels entre mon fils et moi dans un futur encore incertain, mais rêvé.

Non, je parlerai de la Tunisie, car car la Tunisie a une nouvelle fois, et en neuf mois, rendez-vous avec l’Histoire. Non seulement la sienne, mais celle des nations, la voix des peuples. Je parlerai de la Tunisie, car elle est tout simplement la voix des nations. Sans le savoir, sans préméditation, à la tunisienne même ai-je envie de dire, nous avons lancé un mouvement planétaire, celui des indignés. Rien à voir avec des théories politiques, loin des calculs partisans, sans conscience des
enjeux géostratégiques, géopolitiques, et déclinez le géo à l’infini, mais avec pour seul moteur l’humanisme.

Cette valeur devenue absente de nos sociétés alors même qu’il n’y a jamais eu autant de principes, de préceptes, de théories, de modèles et autres schémas de fonctionnement. Nos sociétés fonctionnent sur un modèle organisé par des renoncements à une partie des libertés et individuelle et collective pour permettre de garantir et d’assurer d’autres libertés fondamentales.  Or la balance s’est déséquilibrée, le renoncement est devenu plus grand, et les libertés fondamentales ont quasi disparu.

L’être humain est désormais l’instrument d’un système, au service du système, et les rôles, les définitions se sont inversées.

Et de nouveau la Tunisie, ce si petit pays, connu pour son tourisme, et encore pas très glorieux car considéré de masse, ce si petit pays, berceau de Carthage, de Didon, d’une culture riche et dense, d’un peuple qui a toujours osé l’impossible, cette petite Tunisie va être de nouveau sous la focale du monde ce week end. Avec pour les biens pensants un enjeu majeur ; un pays musulman peut-il accéder à la démocratie sans sombrer dans l’intégrisme religieux. Laissons les biens-pensants penser, cela évite qu’ils agissent. Mais pour le peuple tunisien l’enjeu est tout autre, inventer un nouveau système. Lisez ici et là que ce scrutin est la porte d’accès à la démocratie, à la liberté, au rang des nations où deux par deux, les pays démocratiques s’y tiennent la main pour la bonne conscience. Et ça s’arrête là. Pour eux.

Non les tunisiens ont un enjeu bien plus important, bien plus crucial à mettre en œuvre, inventer une nouvelle gouvernance, une nouvelle pensée, dont le premier jalon est le vote. Prendre la main sur les institutions et lâcher celle de la bonne conscience que procure l’esprit grégaire.

Oui la route sera longue, oui la route sera dure, oui il y aura des moments de découragements, de peur, d’angoisse. Oui nous vivrons souvent dans la solitude du créateur, de l’inventeur, le doute de l’inconnue, mais le défi est de taille. Nous avons insufflé un vent nouveau. Ce vent a relevé des millions d’individus qui se sont libérés du joug de leurs despotes pour certains, qui tentent de le faire pour d’autres. Nous avons redonné cours au possible.

Oui, c’est encore très imparfait, oui le système est encore sclérosé, oui certains sont encore à la manœuvre, oui d’autres tentent de s’approprier les manettes. Faut-il pour autant ne pas voter ? Et les autres combats à mener contre ces résidus sont-ils exclusifs du vote ? Où est l’antinomie ?

Voter n’est pas un blanc-seing donné, voter n’est pas un adoubement pour ceux qui seront élus.  Voter, dans notre situation, c’est envoyer un signal fort de vigilance, de présence. Nous sommes là, nous sommes sur tous les fronts, et nous ne lâcherons plus rien, impliqués dans tout.

La guerre est psychologique. Il faut occuper le terrain, occuper tous les terrains, ne plus lâcher un centimètre carré de nos prérogatives, voter… entre autres.

Ne nous laissons pas impressionner, ne nous laissons pas détourner de nos objectifs. Nous aurons des ratés, nous aurons des échecs, nous serons jugés, mal, nous serons raillés, nous serons blessés, nous serons malmenés, mais tant que nous serons dans le vrai, nous Seront. Tout simplement.

Alors, dimanche, demain, bombons le torse, gardons la tête relevée, et prenons conscience que nous sommes tunisiens, investis d’une mission qui nous dépasse, qui nous transcende, celle de la voie des peuples. Bon gré mal gré, nous avons fait prendre conscience que l’Humanité tourne autour de l’Homme, que l’Homme est central, acteur de sa vie, responsable de son destin, bâtisseur de son futur.

Le monde nous regarde une nouvelle fois, scrute une chute, un trébuchement. Surprenons le en lui montrant la voie. Pas pour donner une leçon. Parce qu’on le doit. Parce qu’on ne peut plus reculer. Parce qu’on doit réussir. L’Homme vaut ce combat. Nous avons insufflé un formidable vent d’espoir, sortir d’un système pour revenir dans l’humanité. Sortir d’un schéma pour revenir à l’humanisme.

Demain, soyons tunisien, votons. Nous ne nous appartenons plus, nous appartenons à l’Humanité. Parce qu’on l’a voulu. Assumons. 

2 commentaires:

  1. juste bravo. je ne devais pas y aller, maintenant je vais aller voter parce que tu dis est vrai. j'avais oublié.

    Zied

    RépondreSupprimer
  2. Très contente de votre nouvelle décision de parler de la Tunisie

    RépondreSupprimer