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mercredi 23 mars 2011

"errer" humanum est ...


J’en perds mon latin, et ce n’est pas grave me direz-vous, c’est une langue morte.

Mais tout de même…

D’abord il y a Ménard, qui ne comprend pas les électeurs du Front national, il les approuve. Ce n’est pas fini, et n’en déplaise à la coupe, le clou doit être enfoncé jusqu’à la lie. Pour ceux qui pouvaient avoir encore un doute, le Front national a un programme, et Marine Le Pen une analyse. Et si tant est que ce soit vrai, il faut approuver leurs électeurs parce que les autres font des promesses qui ne sont tenues. On pensait la quadrature du cercle impossible, Ménard
vient de boucler la boucle, le tout sans la friser.

Ménard, président pendant des années de reporter sans frontière, porte-étendard de la liberté de la Presse, gourou de l’autonomie des peuples, défenseur de la veuve et l’orphelin, Ménard qui sait tout sur tout, homme de vérité s’il en est, se lance dans un nouveau combat, lutter contre la montée de l’extrême droite en décomplexant ses électeurs. Le vote sanction qu’on approuve. Et ceux qui considèrent que l’homme public qu’il est devrait avoir un rôle didactique quand à la subversivité  du discours de Marine Le Pen se trompent.  Ménard n’est pas du genre à s’embarrasser avec des contre vérités, des raisonnements faussés. Aujourd’hui il approuve les électeurs du Front, hier il fixait une cote à l’otage français en affirmant tout aussi péremptoirement qu’Aubenas avait été libérée contre 15 millions d’euros.

Les électeurs du Front national, j’ai plutôt tendance à les plaindre, j’ai plutôt tendance à leur dire qu’il convient de ne pas abdiquer, de ne pas aller vers la facilité, et que réagir à une classe politique qui se décrédibilise se fait en s’impliquant dans la vie de la Cité. Quand le pouvoir dérive, il convient de songer à le reprendre, et non à le donner à pire. En suivant la thèse de Ménard, les peuples tunisien et égyptien ayant vécu sous le joug d’une classe politique qui a perdu tout sens commun, seraient légitime a confier leur souveraineté à leur extrême, l’intégrisme islamiste en l’espèce.

Non Monsieur Ménard, je n’approuve pas, je réprouve, et je me battrai jusqu’à ma dernière parole, jusqu’à mon dernier verbe, jusqu’à mon dernier mot, pour que l’inacceptable ne devienne pas acceptable, démontant un à un les arguments fallacieux des extrêmes. Abdiquer c’est renoncer, et renoncer c’est mourir.

 En marge de cette petite polémique, malsaine et nauséabonde, le jeu politique fait rage sur le grand échiquier stratégique français quant aux consignes de vote pour le second tour des cantonales. Barrage ou pas, au Front national ? Messieurs qui débattez à coups de phrases chocs dans une partie de billard où les coups se jouent à minimum quatre bandes, avez-vous songé un seul instant que les électeurs pouvaient avoir une opinion propre ? Pensez-vous sérieusement que dans nos sociétés modernes et évoluées, le peuple suivra aveuglement les consignes de votes des uns et des autres ? Intégrez dans votre raisonnement que la participation était à un peu plus du tiers de son possible. Il va falloir peut-être un jour se remettre en question, et ne pas considérer uniquement les votes exprimés, mais aussi ceux qui ne le sont pas. Les presque deux tiers des votants français ne vous ont a pas jugés dignes de leurs suffrages. C’est celle-là, la vérité. Et c’est peut-être la seule qu’il convient d’approuver.

Et pendant que nos politiques décomptent, les Japonais observent. Ils guettent la couleur de la fumée qui sort de leur monstre en train d’agoniser. Leur nuage se balade à travers la planète, rempli de substances dont on ignore la composition exacte. Et on peut fermer tout ce qu’on veut, tout ce qu’on peut de notre espace Shengen, la mort finit toujours pas passer.  Nous décomptons les voix en France, et au Japon, ils comptent les morts.

La Libye est à feu et à sang, une partie du monde se soulève au prix de sa vie avec pour seul dessein un meilleur être, et nous, on compte les voix.

Continuez à compter les voix, mais j’ai le vague sentiment que ca vous rend sourd à celle du peuple, qui gronde.

Notre société est en mutation profonde, réglementez l’internet, restreignez nos libertés, faites nous peur, bâillonnez nos désirs, détournez notre regard, stigmatisez, divisez, au final, tout sera vain. Votre machine est enrayée, mais la notre se rode. Et bientôt il conviendra que vous fassiez autrement, avec nous, pour nous.

Et ça n’a rien d’une théorie d’intellectuel de gauche, que je ne suis pas. C’est simplement factuel. Il y a ainsi des constats qui s’imposent, des faits inéluctables.

En attendant, je reprendrais bien un peu de couscous au fenouil, car à l’allure où vont les choses, je crois bien que je ne vais plus pouvoir m’en passer.

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