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vendredi 4 février 2011

Madame le Ministre...


Madame Le Ministre,

Une lettre ouverte, je me répète n’a pas pour vocation, soyons honnête, d’être lue par son destinataire, je ne me fais donc pas beaucoup d’illusions… mais il n’en demeure pas moins qu’il ne faut pas se taire, sous prétexte qu’on pense sa parole inaudible… l’actualité récente de la Tunisie, l’a prouvé s’il le fallait. Renoncer, c’est abdiquer, et abdiquer c’est être lâche, c’est tourner la tête pour ne pas voir ce qui est dérangeant. Je pense qu’une des leçons que nous devons retenir des évènements en
Tunisie, c’est la place centrale que doit occuper le peuple dans une nation. Et nous devons marquer plus de vigilance quand aux comportements de ceux qui nous représentent, car ils nous représentent.

Madame Le Ministre, vous dites à qui veut l’entendre que vous avez le cuir dur et que vous résisterez à la polémique. Mais cette polémique, Madame le Ministre, elle ne concerne pas votre peau mais votre cœur, la décence des sentiments.

Je n’évoquerais pas votre départ du ministère régalien que vous occupez, je vous laisse juge, avec votre conscience, avec votre cœur, avec votre bon sens, une fois que vous comprendrez la portée de vos actes, je vous laisse juge donc de la meilleure réponse que vous devez apporter. Vous ou le Président de la République.

Oui la polémique ne concerne pas votre peau, mais bien votre cœur.

La Tunisie depuis le 17 décembre, et même avant, mais vous ne « le saviez pas », est à feu et à sang. Le peuple fait l’objet d’une répression sanglante depuis une dizaine de jours. Le peuple fait l’objet d’une répression sourde depuis au moins 15 ans.

La répression sourde, convenons que vous ne l’entendiez pas. Convenons-en par convenance, parce qu’il n’est pas question de faire le procès de tous ceux qui ont fermés les yeux, fermés les oreilles pendant toutes ces années.

Mais Madame le Ministre, et comme votre titre l’indique, vous êtes Ministre de la République française. Et pas n’importe quel Ministère, celui des affaires étrangères. Le Ministère qui porte la voix de la France, le Ministère qui porte la voie de la France.

Madame le Ministre, je me fous de savoir dans quel avion vous avez voyagé, ni même quelle est la probité de Monsieur Aziz Miled, et le prix, que je sais dérisoire, que vous avez payé votre séjour à Tabarka.

Madame le Ministre, ce qui est outrageant, et comment ne pas en convenir, c’est que pendant que vous festoyez le 31 décembre, la Tunisie pleurait ses disparus. Pendant que vous décomptiez les douze coups de minuit, le peuple décomptait ses morts. Et pendant que vous vous reposiez à moins de trois heures de Paris, on tirait à balles réelles sur le peuple à moins de 30 minutes de votre hôtel.

Et pendant que vous vous prélassiez grâce sous la douceur de la Tunisie, le peuple souffrait, et vous sourde à ses souffrances, vous vous reposiez avec le ghotta économique du pays, dans leurs jets privés, dans leurs palaces. Vous avez réglé la note dites-vous. Mais laquelle ?

Et après avoir bien profité de ce petit congé idyllique, loin de vos tracas parisiens, après vous êtes bien reposé et après avoir fermé les yeux sur les morts civils aux portes de votre hôtel, et de retour à Paris, vous ne remerciez pas le Peuple tunisien pour l’accueil que vous avez reçu. Vous leur proposez d’envoyer votre police pour contenir les manifestants en minimisant les heurts, nous l’avions compris, et pour maintenir le pouvoir en place, c’est indéniable. Et vous ne vous souciez pas de vérifier quels sont les échanges commerciaux du moment concernant notamment d’éventuels contrats d’armements.

Tout ceci fait beaucoup de maladresses, alors ouvrez votre cœur, oubliez vos calculs politiciens, vos stratégies et lutte de pouvoirs, et consentez à présenter vos excuses au peuple tunisien qui a plus d’une raison de se sentir sinon trahis, au moins blessé de vos comportements.

Madame Le Ministre, des liens très étroits lient nos deux pays, encore plus étroits de part les gens nombreux, qui, comme moi, sont issus d’un mariage mixte, et incarnent la synthèse des deux cultures. Ce lien doit être cultivé, entretenu, choyé, de part et d’autre. Il ne doit pas être compromis pas des détails de positionnement politique, stratégique, ou de communication. Le peuple tunisien a pu compter sur le soutien indéfectible des internautes français qui tous les jours les encourageaient, les félicitaient, les pansaient. Les tunisiens ont reçu par le web des messages de fraternité extraordinaires, émouvants, touchants, affectueux. Le lien s’est encore plus resserré, c’est dommage de le ternir juste parce que vous avez la peau trop dure.

Madame le Ministre, présentez vos excuses au peuple tunisien, présentez vos excuses parce qu’en votre qualité de Ministère des affaires étrangères vous avez singulièrement manqué de tact. Madame le Ministre, présentez vos excuses, mais en votre nom seulement, parce que le peuple français, lui, a été exemplaire avec son peuple ami, le peuple tunisien, parce que dans cette maladresse, vous n’avez engagé que vous-même et non la France, sa nation, son état.  Quant à la manière dont vous vous arrangerez avec vos citoyens, avec les français, avec nous, c’est une autre histoire


2 commentaires:

  1. Dans cette affaire, MAM et ceux qui l'ont "assurée de leur soutien" ont simplement montré leur vrai visage. Nous prenons acte.
    Si les français conscients de la situation ne bougent pas vraiment, actuellement, c'est probablement parce qu'ils pensent que les élections approchent.
    Le verrou démocratique sur lequel tout le monde compte.
    En ce qui me concerne, j'ai entendu un ancien fonctionnaire européen, récemment, dire avec son sérieux habituel qu'il craignait fortement "qu'il y ait tricherie en 2012"... "mais par quel moyen ?", ai-je demandé. "Ils trouveront, tu verras..."
    J'ai été assez estomaquée, je l'avoue, mais j'ai également pris acte.
    Ceux qui nous gouvernent actuellement pourraient-ils pousser le mimétisme avec leurs "dictatures amies" aussi loin ? Il est vrai qu'ils ont des soutiens puissants, en particulier dans la sphère financière, redoutable entre toutes.
    Restons vigilants, c'est le moins que l'on puisse faire.

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  2. Lohiel, au risque de vous inquiéter... la tricherie existe déjà !

    Dans les élections régionales ou locales, auxquelles peuvent participer les "petits" partis, il est facile au président du bureau de vote d'invalider des bulletins : j'en ai été témoin.

    Pour la Présidentielle, la première tricherie ne consiste-t-elle pas à imposer les 500 signatures ? Celles-ci, accordées par des élus qui craignent de perdre leurs subventions, sont le premier rempart contre la démocratie.

    Malgré tout ça, je n'imagine pas une tricherie capable de changer un score de 51% en 80%. De 49% à 51%, peut-être ?

    Pour en revenir au billet de Karim, MAM est ministre des affaires étrangères. Ministère d'Etat, au poids considérable quant à la place de la France dans le monde. Mais elle est ministre de la république française. De la république ! Et pour moi, c'est l'origine du mal.

    Comment peut-on imaginer qu'un ministre (pardon : deux ministres) puissent aller se "ressourcer" dans un pays ami en proie aux troubles de la Tunisie ? Peut-être parce qu'ils n'ont aucune autorité qui leur soir supérieure, aucune morale pour leur dicter leur conduite, aucun arbitre pour les sanctionner

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