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dimanche 20 février 2011

La France on l'aime comme on doit aimer


Je suis dans l’avion qui m’amène de Tunis à Paris, une question bien saugrenue me taraude, où vais-je ?

Mais en France voyons. Ah oui ?... Ben parlons-en alors.

La France je l’aime, donc je critique ce qu’on en véhicule, et je ne suis pas certain que ceux à qui on demande de la quitter soient vraiment les bons. L'amour, même pour sa nation, induit l'exigence de l'excellence, le refus de toute forme de médiocrité. L'amour même pour sa nation est donc inclusif de la critique.

Car, on n’a eu cesse de le répéter, mais c’est peut-être plus audible aujourd’hui, les musulmans ne sont pas les obscurantistes rétrogrades qu’on a bien voulu nous faire croire,  qui menacent l’identité d’une nation, s’accaparent un pays, en travestissent la culture, maltraitent les
femmes, sont des trafiquants de drogue roulant dans des voitures volées, bouteille de gaz et clous sur la banquette arrière.
Non, ceux là s’appellent subversifs pour les premiers, envahisseurs pour les seconds, idiots pour les troisième, ignobles pour les suivants,  délinquants pour les cinquième, et terroristes pour les derniers. Vous le saviez me dites vous ? Et bien pensez le maintenant.

Alors cette stigmatisation par les débats sur les prières des rues, les discussions sur la fabrication d’un Islam de France - parce que celui « en France » ne convient pas - cette polémique sur l’identité nationale pour saper ceux qui ont quelques soucis d’enracinements précisément, commencent à me fatiguer. A être fatiguant.

Je connais deux pays au moins, composés en majorité de musulmans, dont les peuples se sont levés contre l’oppression et l’obscurantisme de leurs despotes. Soutenus par eux mêmes, avec comme seules armes, leur courage, leurs cultures, leur intelligence et le web, ils ont déplacé des montagnes, souvent les nôtres d’ailleurs. Et ils ont réussi.
Or nous voilà aujourd’hui, du haut de notre supériorité, leur intimant l’ordre de se diriger rapidement vers la voie de la démocratie, de faire au plus vite ceci, de faire rapidement cela. Et pour rajouter un peu de « professoralisme », on se félicite de ce courage populaire qu’on  encouragé à coups de vacances, maisons et autres relations sulfureuses au pire, et maladroites au mieux. C’est gentil pour eux, mais je ne suis pas certain que nous ayons encore une quelconque légitimité à leur montrer la voie,  car en terme d’unité nationale, en terme de libertés, et de modération, ne cherchons pas derrière, ils sont devants.

Ah mais la laïcité allez-vous me dire ? La menace islamiste intégriste ? Parc eue c’est bien beau la liberté, mais les islamistes guettent, veillent. C’est gentil aussi de s’en inquiéter, mais si nous pouvions en débattre avec moins de condescendance,  et éviter de tracer de façon catégorique et absolue, l’évolution que vont avoir ces pays, dans les jours, les mois et les années à venir. Car on ne peut pas dire que jusque là nous ayons brillé dans l’anticipation.


Venons-en au « nous » dont je parle qui n’est pas le peuple de France : il n’a rien fait de tout ça, ne pense pas tout ça. Le peuple de France est à l’image de ce qu’est la France, un pays d’idées et d’anticipation, un pays de culture et de mélanges, une nation de brassages et de tolérance, un peuple d’échanges.  La France est un pays d’union, et un pays uni, la France est un pays ouvert.
Mais alors que se passe t-il ? Et bien la peur qu’on nous administre tous les jours à doses homéopathiques mais bien répétées, cette peur a pour premier symptôme d’annihiler tout ca. Prostrés, cela nous devient plus facile d’accepter que nos dirigeants dérivent, détournent, dévissent, perdent pied et tout sens commun. L’impensable devient quotidien, les scandales des polémiques,  les lois des barreaux de plus en plus maillés. Et si un groupe a le malheur de s’en étonner ou de s’en inquiéter, un petit coup de peur et tout rentre bien sagement dans l’ordre de la terreur d’autrui.

Vraiment ?  L’histoire récente nous montre que l’ultime oppression apparente, latente ou malicieuse,  passe par un contrôle plus ou moins flagrant du web. Dernier bastion de la liberté, sa limitation obscure est en général le signal pour la nation qu’il est temps de prendre les choses en mains, avec les moyens adaptés à chaque société, qu’il y a lieu, en tout état de cause, de tirer la couverture de la souveraineté vers le peuple, et que nos dirigeants nous rendent des comptes un peu plus détaillés que ce qu’ils font habituellement.

 Et vous savez quoi ? Je me demande dans quelle mesure, notre Hadopi n’est pas le signal qu’il faut que ça et tout le reste cessent ?

2 commentaires:

  1. bien vu, bien dit, comme d'habitude...

    je rajouterai à cela, et j'en aurai trop dit, que la frontière est mince dans le mot diplomatie, qui se sert des erreurs d'hier et d'aujourd'hui (et de demain) pour accompagner ces changements, qui sont porteurs d'espoir, même en France et pour la France.
    Et pour cette diplomatie d'aujourd'hui, il y a un autre mot, qui ne devrait être utilisé qu'au sens noble : politique...
    à voir comment on utilise, on manipule....
    enfin, et tout est lié, pour chaque français, chaque citoyen du monde, il y a un autre mot à ne pas oublier : devoir,
    après, ce vaste débat est ouvert, si tous ces évènements imposent une prise de conscience collective, on comprendra à quoi on assiste aujourd'hui...
    oui on accompagne cet espoir, oui les responsabilités doivent être prises mais chaque évènement a des conséquences ici et ailleurs, cette frontière est un fil...
    mes propos sont peut-être flous, et volontairement pq quand j'écris, je pèse mes mots pour coller à ce que j'estime être mon devoir, mais j'accepte quand même d'être publiée sur cette toile infernale!!!et on verra ce qu'hadopi en fera!

    Véro

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  2. voilà un lien aujourd'hui qui détaille ce que je voulais ou ne pouvais pas dur hier...

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/22/on-ne-s-improvise-pas-diplomate_1483517_3232.html#ens_id=1245377

    une chose est sûre : on avance!

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