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vendredi 11 février 2011

Islam danger, Monsieur le Président, ça commence à bien faire - Contribution d'un habitué du Bistrot Olivier Collas

Je reproduis in extenso le billet que m'a fait parvenir un des piliers du Bistrot, Olivier Collas. Le ton est juste, l'analyse est fine. 


Par Olivier COLLAS

Islam danger, Monsieur le Président, ça commence à bien faire…

Avec vous, à ce train-là, le populisme a encore de beaux jours devant lui, et votre fonds de commerce va prospérer !
Savez-vous que l'Islam n’est pas plus dangereux que le Christianisme, mais pour vous c’est tellement plus commode de jeter cette confession à la vindicte populaire. Une fois de plus, nous sommes face à l’histoire de la paille de la poutre et de l’œil du voisin, et vous avez une bonne réserve de bois… Ce sont bien les extrémistes de tous bords et de toutes régions du globe qui représentent une menace, mais pas spécialement l’Islam. Si ma mémoire, ou
plutôt ma culture est bonne, la fille ainée de l'Eglise, je veux parler de la France, est bien placée pour le savoir. Notre beau pays, n’a-t-il pas vécu et même pourrait-on dire subit l'inquisition. D’ailleurs en Europe elle n'était pas la seule, la très catholique Espagne comme le conquérant Portugal ont cultivé eux aussi leurs propres extrémistes. Et cela a duré allègrement jusque dans la seconde moitié du XVIème siècle par l'entremise des guerres de religions qui ont bien ravagé la France durant les huit conflits intérieurs, pour se terminer par les massacre de la Saint Barthélémy durant lesquels les catholiques ont joyeusement massacré les protestants "huguenots", massacre salué par le souverain Pontife de l'époque Grégoire XIII qui fit même chanter un Te Deum.

Maintenant, à grands renforts de scoops médiatiques, la société met en accusation des pratiques d'un autre âge, comme la lapidation ou les mutilations, pour nous expliquer que le danger vient des barbares du Sud. Je me permets de rappeler, comme disait l'ami Audiard, à ces salisseurs de mémoire, qu'il existait en France un droit canonique qui lui relevait de tribunaux ecclésiastiques placé eux sous l'autorité d'un évêque. Pour couronner le tout, dans la Procédure Inquisitoire, pour aider les clercs à procéder aux interrogatoires, Nicolas Eymerich a rédigé et publié un Manuel de l'Inquisiteur (Directorium Inquisitorum). L'inquisiteur devait extraire la vérité éventuellement "par la ruse et la sagacité" ainsi que la privation de nourriture et la torture. Bartolomé Bennassar préconisait trois tortures : l'eau, la poudre et le feu... Pourquoi? Parce que, jusqu'en 1252, l'inquisiteur n'avait pas le droit de verser le sang. Plus tard, par la bulle "Ad extirpenda", le Pape a fini par l'autoriser.... à condition, suprême hypocrisie, que le sang versé ne conduise pas à la mort.

On peut donc se demander qui sont les plus barbares, mais en tout état de cause, à chacun ses extrémistes... Il faut cesser de pointer du doigt et de stigmatiser les autres, pour simplement éviter de se regarder le nombril. Si il est vrai que je condamne les pratiques barbares de la lapidation, des mariages forcés et autres réjouissance du même acabit, je m'élève tout autant contre les lavages de cerveaux de certaines églises tout comme les pratiques sexuelles pour le moins bizarres de sectes, qui sont, elles, bien de chez nous ! Mais vous qui donnez des leçons, n'avez-vous pas fait en son temps, ami-ami avec un certain Tom Cruise, porte-parole d'une pseudo église aux pratiques pour le moins condamnables et condamnées?

Moi, Monsieur le Président, je continuerai à manger des loukoums et des tagines avec mes amis orientaux, car j'aime leur compagnie, je me sens très bien avec eux, nous parlons de tout sans aucun tabou et sans se fâcher et nous passons de bons moments sans arrières pensées. Oui j'ai des amis Français musulmans, des amis Français juifs ou encore Français chrétiens tout comme des Tunisiens musulmans ou Camerounais chrétiens! J'en passe et des meilleurs, car je suis un citoyen de la terre Ma nationalité est française car j'appartiens à la nation française, et ma religion est chrétienne au même titre que certaine d'Irak ou de Chine et est donc sans nationalité, tout comme l'Islam qui n'a ni frontière ni nation. Alors un Islam oui, mais un Islam de France, Monsieur le Président, non merci.
Je suis excédé de voir mes proches souffrir d'être si souvent montrés du doigt pour servir votre populisme galopant qui se dirige vers les urnes pour vous servir, ou être pris comme caution du "politiquement correct" afin de flatter des populations en quête de morale bien-pensante. Mais vous qui êtes si prompt à montrer du doigt les dérapages en tout genre, je ne vous ai pas encore entendu chapitrer votre Ministre des affaires étrangères qui proposait l'aide de la police française pour participer au maintien de l'ordre en Tunisie. Je ne vous pas entendu non plus vous exprimer sur les pratiques sexuelles pour le moins iconoclastes de votre Ministre de la Culture qui va assouvir ses désirs loin des regards de la France moralisatrice.

Monsieur le Président, soyons et soyez réalistes, il ne sert à rien de stigmatiser et de dresser les gens les uns contre les autres. Qu'il soit vert, bleu ou jaune, un voyou est un voyou. Même Darwin n'a pas réussi à nous prouver qu'il existait un "gène du voyou". On ne nait pas voyou par atavisme, on le devient, par intérêt ou par circonstances et on se mue en vermine par désœuvrement.
Réunissez votre armée de conseillers et réfléchissez quelques instants. Ne serait-ce l'environnement social qui favorise le développement des comportements anti-sociaux, ou peut-être les lieux de vie qui font le lit de la délinquance à moins que ce ne soit les médias qui véhiculent des images erronées de notre société ? Peut-être est-ce également la démission de l'environnement familial ou encore la violence qui transpire des jeux vidéo de nos chers bambins? Et si c'était le chômage ? Mais diable que vient donc faire l'Islam dans ce débat? Peut-être semble-t-il que les urbanistes, les élus, journalistes réalisateurs et autres concepteurs de jeux ont une part de responsabilité à assurer eux.
Il faut être lucide, la France compte entre cinq et six millions de musulmans, selon votre propre ministère de l'Intérieur chargé des Cultes, dont 33% se déclarent croyants et pratiquants, et 10% pratiquants réguliers de la prière du vendredi en milieu de journée, le grand office hebdomadaire en islam. Mais la France ne compte pas cinq à six millions de terroristes ou autres intégristes patentés. Alors, comme disait un célèbre Ministre de l'Intérieur qui en son temps vous a pourtant formé, il faut terroriser les terroristes. Mais de grâce, foutez la paix aux français musulmans qui n'aspirent qu'à vivre en paix sur le sol français, sol que certains de leurs ancêtres ont défendu au prix de leur vie! Je me permets au passage de vous rappeler que la repentance n'a aucun sens, mais que la reconnaissance est une valeur humaine des plus dignes.

En tout état de cause, ce sont bien des extrémistes de tous bords qui profitent de la situation et du désœuvrement des populations pour répandre leurs bonnes pratiques ensuite portées sur la scène médiatique. Ce sont bien ces mêmes extrémistes qui se servent de l'Islam pour se doter d'une morale et acquérir une reconnaissance qu'ils sont incapables d'avoir par leur propres capacités. Ils n'ont de religieux que le nom mais certainement pas l'honnêteté, ils appellent à la haine et aux massacres au nom du Coran.
Et ce sont bien les populistes, parés de tous les atours de la dignité et détenteur d'une vérité qui ne peut convaincre qu'eux-mêmes, qui portent la haine, le mépris, l'inculture. Le véritable danger est là, il trouve son terreau sur les extrêmes, cultivé par la classe politique, politicienne devrais-je dire, qui s'en sert de repoussoir à des fins électoralistes et alimenté par des pseudos religieux en quête de notoriété. Vous radicalisez les positions en les stigmatisant.

Quant à vous, cher Président qui parlez d'intégration, vous n'êtes pas intégré au peuple français, à la France d'en bas. Vous buvez du Coca, détestez les arts de la table, vous ne consommez pas de vin, ne savez pas différencier un brin d'orge d'un épi de blé et adorez les séries TV américaines, mais où est le terroir français dans tout cela, le pays qui compte plus de variétés de fromage que de jours dans une année? Vous nous parlez d'intégration alors que vous filez passer vos vacances sur un yacht ou vous planquez au Fouquet's pour faire la fête. La France, Monsieur le Président, possède bien plus de bateaux de pêche que de navires de luxe. La France n'est pas limitée à Neuilly ou au Cap Nègre, c'est aussi les banlieues et ses braves gens, la campagne et ses paysans, la province et ses notables, les HLM et leur pauvreté… Tout cela, vous ne pouvez le voir lors de vos déplacements, vos gardes du corps vous cachent la vue… Pourtant si vous saviez quelle chaleur se dégage de ces endroits là, quelle philosophie émane de ces gens-là, vous iriez les voir pour parler avec. Commencez donc par vous intégrer au peuple français dans toute sa diversité avant de donner des leçons. Apprenez à connaitre les français qui vivent en dehors du 16ème arrondissement! Penchez-vous sur leurs problèmes au lieu de décorer de la Légion d'Honneur votre ami SERVIER qui met en circulation du poison labellisé médicament! Et surtout ne nous parlez plus d'intégration, vous ne savez pas ce que c'est.

Olivier Collas

2 commentaires:

  1. D'accord avec l'analyse...
    Mais pas avec les faits historiques.
    Ni avec le contexte : dire que nous sommes des barbares parce que nous avons eu l'Inquisition, NON ! Toutes les époques qui nous précèdent ont été des périodes où la vie d'un homme comptait peu (et c'est encore vrai en 1793, en '14 -'18, et chez Staline ou les Nazis). L'Inquisition, dans le contexte de l'époque, n'était pas si cruelle.
    Dans le même temps, je n'ose pas penser au traitement réservé par les Musulmans à leurs ennemis... ni à leurs esclaves européens.
    Dire aussi que les guerres de religion se sont arrêtées à la Saint Barthélémy... c'est une erreur, bien sûr, comme de ne pas citer les massacres de catholiques par les protestants. Les 2 camps savaient très bien y faire. Le contexte, là encore : la Réforme était une rupture du Contrat social, il fallait rétablir l'ordre. Bien sûr, notre jugement a quelque peu changé depuis...
    Pour le reste, réflexes populistes et tout, je l'ai écrit, je suis d'accord. Y compris pour Sarko qui n'est pas intégré : ni socialement, c'est clair, tellement il aime le fric et ceux qui en ont, ni culturellement. C'est ainsi que, drapeau en tête, il mène la France avec ses copains technocrates européens, vers une dissolution dans un Etat européen.
    Car on y va, on y va...

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  2. Une illustration de votre très bon papier, notamment son dernier paragraphe :

    http://www.youtube.com/watch?v=1hu81vTSvGY

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