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vendredi 3 février 2012

Laïcité et autres facéties de la vie


Une discussion bien étrange ce matin. De celles qui vous laissent perplexe une fois que vous avez raccroché.

J’échangeais, à bâtons rompus avec un ami, élu de la République, sur le sujet majeur du moment ; l’élection présidentielle d’avril prochain. Aucun thème de campagne ne prenait vraiment le dessus, aucun discours ne trouvait d’échos suffisamment profond pour venir donner à ces débats une dimension sur le devenir de la société. 

Les trois évènements les plus marquants se résumaient à la
primaire socialiste et son issue Hollandesque, aux 500 signatures victimisantes de Marine qui prenaient des allures de naufrage, et enfin à Nicolas Sarkozy, qui se faisait assister dans sa campagne par la rigueur et l’austérité Merkelienne, sur fond de réconciliation du couple franco-allemand qui n’en finit pas de se réconcilier.

Quant à Bayrou, il fait son bonhomme de chemin, sans vague et sans effluve. Très détendu, pensant prendre le pouvoir à revers, par surprise, ratissant le centre en cette période de crise où aucune solution des « partis marqués » ne paraît emporter l’enthousiasme des masses.

Et effectivement le boulevard des indécis est grand. De ce qui ne veulent pas trancher, et qui trouvent qu’il y a du bon ou du mauvais à gauche comme à droite. Que tout ceci n’est que blanc bonnet et bonnet d’âne. Sarkozy ne peut s’en prendre qu’à lui même. Son ouverture à gauche aux lendemains de sa victoire de 2007 avait pour finalité de finir d’exploser la gauche. Et c’es finalement le clivage gauche/droite qui en a une nouvelle fois pâtit, rendant la frontière entre ces deux écoles plus mince, moins lisible. Vint ensuite le temps de se démarquer de son probable rival, DSK, paroxysme du centre.  Et le cap fut confirmé à droite toute, pour aller rechercher les brebis égarées, chez la tout sauf plantureuse Marine qui marchande ses parrainages.

Sauf que voilà, entre-temps DSK se trompe de primaires et gagne celles de l’érection. Exit DSK, exit le centre, welcome to Hollande, retour de la gauche dure. Bayrou jette à œil sur sa gauche et sur sa droite, plus personne. Enfin, si, un poète Bonapartiste, joggeur du dimanche, en formation informatique le lundi avec Lahoud, banquier le mardi avec Clearstrem, comploteur le mercredi avec Georgelin, Poète les jeudi et vendredi, interdit de voir Chirac le samedi. Donc personne. Rien, nada, chey. La voie du centre est libre, alors ne surtout pas donner de la voix.

Bayrou peut être élu. Sur un malentendu, sur des erreurs stratégiques, grâce au Sofitel de New York. Bayrou peut être élu parce c’est le seul qui est là, au bon moment au bon endroit.

Pas faux me répond mon interlocuteur, possiblement me dit-il. L’avantage, si c’est lui, me dit-il après quelques secondes de réflexions, c’est que sans staff, il devra aller piocher à gauche et à droite, parce que Marielle-de-Sarneze ne pourra pas tout faire. Et puis le deal est passé avec Hollande. Le moins bien placé prendra Matignon. Si tant est que le total des deux fasse plus de 50% rajoute-je.

Et la banlieue ? Pas de programme ? Pas ou peu de mesures ? Un positionnement quasi absent.

Et c’est sa réponse qui m’a laissé coi. 

Si, me dit-il, Hollande à parler de la laïcité.

Et voilà donc où nous en sommes au 21ème siècle. La laïcité qui se voulait fédératrice, la laïcité qui avait pour finalité première que le tiers-état ne se mêle plus des sujets politiques, parce que l’idéal de vie qu’il est censé prôner est antinomique d’un pragmatisme nécessaire de et à la gestion des affaires politiques.

La laïcité qui se voulait un principe universel pour gommer les différences, cette laïcité qui fut un des fondements de l’égalité humaine axée sur le rejet des distinctions de races, d’origines et de religions, cette laïcité est devenue un argument de division. Et France, en occident et maintenant partout dans le monde.

On oppose les laïcs aux tenants de la tradition culturelle d’un pays, d’une nation, d’un peuple. Dégainer l’arme de la laïcité pour interdire le voile, le Hallal, les minarets, la burqua quand Noël est fêté sur la canettes de Coca-Cola et que Pâques est célébré sur les boites Kinder, ce n’est pas très habile dans la rhétorique. N’eut il pas été plus judicieux de parler d’incidences de ces pratiques sur la vie de la société et en société plutôt que de fermer le dialogue par le sacro-saint principe de laïcité ?

Et maintenant on est en rendu à traiter la question des banlieues en discourant sur la laïcité.

Peut-on revenir au point de départ ? La laïcité concerne un état, un pays, ses institutions, ses lois, son mode de gouvernance même, si on veut. Mais la laïcité ne concerne en aucun des individus qui eux peuvent pratiquer leurs cultes librement sans contrevenir, non pas à la laïcité qui n’est pas la limite de la liberté de culte, mais sans contrevenir à l’ordre public. Or bien souvent, nous avons fait en sorte que la pratique de certaines religions et de certains préceptes de certaines religions y contreviennent. Pour pouvoir stigmatiser, à des seules fins électoralistes.

Oui il y a certaines pratiques qui y sont contraires par essence, par pratique, si tant est que la répétition soit possible. Mais souvent, sinon toujours, ces rites là n’ont rien de religieux.

Il manque des mosquées en France, et les musulmans qui veulent prier dans la pure tradition musulmane, c’est à dire en groupe, le font dans les rues. Facile de crier aux désordres publics quand pendant 19 siècles l’état, devenu laïc depuis, a construit des milliers d’églises, des dizaines de cathédrales. Alors certes, depuis,  la France est laique, mais entre temps, la France a eu huit millions d’enfants musulmans. Il convient d’arrêter de faire comme s’ils n’existaient pas, comme si la religion était le problème et on va se poser pour réfléchir à la vraie question.

Pourquoi la précarité touche en plus grand nombre ces populations là ? Et qu’avons nous raté pour que la précarité lorsqu’elle touche les populations françaises de branches, alors même que ces branches ont fait des racines, pourquoi ces populations réagissent si radicalement aux traditions de la France chrétienne ?

Et en Tunisie, on va continuer à débattre sur le mariage coutumier, parce que deux êtres humains qui s’aiment, ne peuvent pas le faire sans un statut juridique ou religieux.  Une partie du pays se meure, mais à défaut de manger plus facilement, ils se marieront rapidement… parfois le temps d’un plaisir charnel. Parce que quand il reste plus rien, il reste ça. Et même ce rien là, il faut l'organiser … ça les concerne nos gouvernants. On éclaire les sujets qu’on peut, mais n’est ce pas un aveu d’échec pour le reste ?

Réfléchissez. Le laïc que je suis se prépare à manger son couscous au fenouil qu’il a aimé dès la première seconde, et a déguster son assida zgougou, plat traditionnel tunisien pour la fête du mouled, qui célèbre la naissance du prophète.



2 commentaires:

  1. La moutarde me montait justement au nez, ce matin, en entendant un semi-chroniqueur vaguement humoriste, évoquer une jeune femme qui s'était fiancée et qui souhaitait vivre dans le respect des règles sociétales séculaires. Elle, et ceux qui pensent de la même façon, était traitée d'intégriste... l'insulte majeure, le ridicule absolu !
    Donc, pour nos modernos bobo laïcistes, ayez la Foi et vous devenez "intégriste".
    Qu'ils aillent donc voir ce qu'est un intégriste, dans ces pays où l'on meurt de ne pas l'être...
    En France, terre chrétienne, Messieurs les laïcistes, quelqu'un qui vit sa Foi et, par exemple, tout simplement va à la messe, est tout simplement un "fidèle", pas un intégriste.
    Mais l'un de ces mots est porteur de haine, et pas l'autre : méfiez-vous donc de votre vocabulaire !

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    1. Cher Christophe,

      Si certains devraient en effet se méfier de leur vocabulaire, vous devriez vous méfier de vos majuscules...

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