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vendredi 15 juillet 2011

Pollution nocturne


Une nuit difficile où la chaleur accable un peu plus une vision du monde exacerbée par le desinhibition de la nuit. Qu’est donc devenu l’Homme ? Que sommes-nous devenus, et pourquoi nos valeurs humaines ont-elles glissées vers des valeurs individuelles ?

Des centaines de gens se font massacrer en Libye, en Syrie, à Bahreïn et ailleurs tous les jours, ces pays sont devenus l’anti-chambre de la mort pour une bonne partie de la population.

Et on y pense cinq minutes allongé sur une serviette de plage en lisant le journal, pendant que
le coté pile se fait bronzer.

Puis on se retourne coté face, la réalité devient moins criante, cette position qui empêche toute lecture, favorise la réflexion. Ca devient plus facile, il suffit de s’arranger avec sa conscience. Il paraît que des migrants tunisiens ont traversé la méditerranée dans des barques de pécheurs, on raconte que le trajet Gabès/ Lampedusa est devenu un des plus grands cimetières au monde. On dit même que les rares survivants ont été refoulés partout, traités comme des dossiers. Certains vont même jusqu’à conter qu’ils s’étaient refugiés dans un immeuble dont la propriété est suspecte, mais dont leur propre pays les a fait expulser. La rumeur veut qu’ils dorment depuis plus d’un mois dans une grande précarité, à l’ombre des arbres du Parc des Buttes Chaumont, se disputant la place avec les rats, seuls habitants du Parc la nuit avant leurs arrivées.

Ceux là, la même nuit où je n’arrive pas à dormir, ceux là aussi ne dorment pas. Ils se repassent le film de la traversée. Ils se repassent la scène de la barque d’à coté où il y a avait un frère, un cousin, un père ou un fils. Cette barque qui a chaviré, l’angoisse de voir qui ne remontera pas à la surface. Le désespoir de ne pas voir ressurgir ce proche des gorges de la mer. L’espoir malgré tout, l’attente. Non, n’avancez pas ! Non, attendons encore trois minutes. Mais il faut avancer, il faut continuer. Pleurez vos morts.  Faites votre deuil, il vous reste trente secondes. Et reprenez vite vos esprits, le prochain sera peut-être vous. Ceux là pendant qu’on dort, ou qu’on n’y arrive pas à cause de la chaleur, de fins de mois difficiles, à cause de la vie tout simplement, ceux là se repassent le film de la mort. Cette mort qu’ils ont bravée, défiée, pour fuir, ou pour aller chercher un peu d’espoir, pour pouvoir dormir au Parc des Buttes Chaumont.

Ca devient infernal pour la conscience, le soleil coté face devient insupportable. Il faut trouver une échappatoire. Facile. Pourquoi ils sont venus ? Ca doit être des escrocs, des prisonniers évadés, des lâches, des faibles qui ont fuis. Voilà, ca va mieux. Ca devient vivable. Allez, on va se baigner.

Mais attendez. Donnez moi juste deux minutes avec d’aller vous rafraichir dans la mer. Admettons qu’ils soient ceux là, ca justifie qu’on les traite ainsi, c’est à dire qu’on ne les traite pas ? N’avions nous pas la possibilité de les héberger dans des conditions humaines ? De s’occuper d’eux ? D’étudier le pourquoi de leurs départs ? Chercher des solutions adaptées à chacun ? Discuter avec tous, leur redonner espoir, les aider à retrouver l’espoir ?

Ils ont fuis un pays où pourtant l’espoir renait ? Soit. Combien de français quittent tous les ans la France pour partir s’installer ailleurs ? Eux ont les appelles des expatriés. Et si certains sont délinquants, ils sont en col blanc, donc c’est moins grave. On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ?Arrêtons d’y contribuer alors.

Allez vous baigner.

Et quand vous reviendrez sur votre serviette, les choses ne se seront pas arrangées. Alors quel Homme êtes vous devenus, Quels Hommes sommes-nous devenus ?

Un Homme pour qui la réalité devient trop dure, où l’espoir ne nourri plus un monde meilleur mais une vie moins pire. On ne cherche plus le mieux, on se contente de l’identique. La peur au ventre, on ne rêve même plus de peur d’y croire. Et d’être déçu. Le seul possible est le quotidien, le seul combat est de le préserver en l’état. La seule croyance est que le mieux n’existe plus, l’idéal est une utopie de l’ancien temps, des temps anciens, celui de l’enfance. Depuis on nous a appris à nous contenter de ce que nous avons, de s’en satisfaire, et que c’est déjà un miracle.

Non. Travaillez plus pour gagner plus n’est pas une solution. Ce n’est pas une fin. On ne vit pas pour vivre. Rever plus pour vivre mieux. Se battre plus pour vivre mieux. Aimer plus pour vivre mieux. S’ouvrir aux autres pour ne plus avoir peur. Nos valeurs se sont déplacées, elles ont glissées de l’individu à l’individualisme. Du groupe à soit. Pas par égoïsme mais par peur.

On nous crée des lois pour alimenter la peur. On veut nous sécuriser pour nous faire exister un danger. On crée Hadopi pour faire du net un danger. On interdit le mariage homosexuel pour créer la menace de la différence.

On ne traite rien, on fait du palliatif.

Le Monde nous échappe, car on a juste oublié que le monde c’est aussi l’Homme. Et que nous sommes acteurs de nos vies. Il suffit de le décider. De le vouloir. Tous ensemble.

La Vie n’est pas une raison de vivre suffisante. Alors on a inventé la survie. Le jour est arrivé où ça ne suffit plus.

Un monde meilleur est possible, parce que le monde est composé d’Hommes, et que tous, taris dans nos peurs, finalement nous aspirons tous au bonheur. On l’a juste oublié. On nous l’a fait juste oublier.

Cessons de nous battre et battons nous. 

2 commentaires:

  1. Merci, vraiment merci. Il faut faire de la politique Monsieur Guellaty.Ca devient un devoir pour vous. pour vos enfants. pour nos enfants.

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  2. M. Guellaty,
    Je vais être dure peut être mais ce qui se passe aujourd'hui dans ces pays que vous avez cité est un passage obligé, la vie vaut un cri et le cri des peuples ne doit pas seulement déchirer l'air mais aussi l'histoire, le présent et le futur. Par contre vous dites vrai qu'il faut que la cause de ses peuple soit une cause unisveselle. La liberté est un droit tout comme la vie, l'une se nourit de l'autre, après nous pourront parler du bonheur pour tous qui est aussi l'affaire de chacun de nous. Le jour où nous admetterons que la particule est un tout dans un autre tout qui est dans un autre autre tout! Nous comptrendrons que l'individu n'existe que dans les yeux et la peau de l'autre.SB

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