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mercredi 15 juin 2011

Feuille blanche et idées noires


L’absence fut longue, ce bistrot m’a bien manqué, mais l’inspiration n’était plus au rendez-vous. Les sujets ne manquaient pourtant pas, les maux sont toujours aussi présents. Il y avait juste cette incapacité à assembler leurs mots, pour les mettre en musique, essayer d’en faire une harmonie symphonique, et ne pas sombrer dans une cacophonie d’idées, où chaque instrument joue une partition, la sienne, pas nécessairement cohérente avec le reste. Complexité de la raison, paradoxe de la logique, rien n’est naturellement fluide. Et pourtant, subitement, l’évidence s’impose, comme un naturel galopin.

Jugez par vous-même.

Où l’on apprend finalement, après avoir relaxé le concombre, le radis, et avoir suspecté à peu près tous les légumes, après les avoir jetés à
la vindicte populaire, où l’on apprend donc que le bio tue. Celui là même qui est censé nous offrir une « meilleure bouffe », celui qui respecte la planète, la terre, notre corps, et constitue un gage d’équilibre biologique pour nos descendants, celui là donc, TUE. On ne plus croire en rien. Chassez la nature, car elle vous tuera. Conservez le naturel, il vous sauvera.

Cultivons le paradoxe, et découvrons que Chirac votera Hollande ou Juppé qui n’est d’ailleurs pas candidat.  Et ceux qui ne savaient pas que Chirac votait aux primaires socialistes n’ont qu’à faire preuve d’imagination. Face à l’émoi de la classe politique de droite, au regard de la gêne éprouvée par la classe politique de gauche, Chirac se prend donc pour Hortefeux, et feint la surprise saupoudrée d’exaspération en nous expliquant que personne n’avait compris qu’il s’agissait, bien entendu, d’humour corrézien. Que notre Chirac veuille tacler Sarkozy, ça le regarde, et on a même tendance à applaudir, mais qu’il n’assume pas par la suite, en nous prenant pour des cons ignorant tout des drôleries régionales françaises, de sympathique, il devient pathétique. Monsieur Chirac, à votre âge, assumez que Sarkozy vous exaspère, assumez plutôt que de nous dire qu’on s’est trompés. On a très bien compris : vous ne le supportez pas, mais vous lui êtes redevable…

Attendez ce n’est pas fini, buvons la coupe jusqu’à la lie, puisqu’on a remporté celle du plus grand n’importe quoi, le plus naturellement du monde en surprime.

Où l’on découvre que le poulain du Parti socialiste, celui que ses ténors voulaient choisir pour défendre les couleurs de la moitié de la France (partons du postulat que la France est divisée en deux parts égales, droite et gauche), ce poulain-là a quelques soucis avec l’expression du consentement. Alors oui, il bénéficie de la présomption d’innocence, mais sa présumé victime bénéficie également de la présomption de bonne foi. Zéro partout, balle au centre, la justice tranchera, mais les têtes sont déjà tombées.

Sauf que… sauf que… un futur président ne doit pas être en mesure de se retrouver dans ce type de situation. Admettons que, par extraordinaire, le rapport sexuel fut un rapport consenti, qu’est ce que c’est que cet homme qui ne peut pas freiner ses pulsions. Demain, il a un coup de chauffe et il appuie sur le bouton de l’arme nucléaire ? Quelle est cette nouvelle classe d’hommes politiques agités ?

Oui, il bénéficie de la présomption d’innocence. Eh bien, je vais vous dire quelque chose, les binationaux aussi bénéficient de la présomption d’innocence, les beurs aussi, les habitant du 93, et tout ce que la France compte de différents bénéficient de la présomption d’innocence. Bref tout ceux que la machine d’état compresse quand elle lance son rouleau compresseur, tout ceux là et même les autres bénéficient de la présomption d’innocence.

Alors quand on aura réglé toutes les injustices qu’il y a tous les jours en France, parce que la présomption d’innocence est bafouée, quand plus aucun Homme ne sera soupçonné du seul fait de sa couleur, de son origine ethnique, de sa religion, de son métier, de sa condition sociale ou même de son sexe, alors ce jour-là, on s’attaquera à la présomption d’innocence des Hommes publics. Parce que ceux là qui sont sensés nous servir, se serviront en dernier.

Parce qu’il y en a juste un peu ras-le-bol que ce soit les droits des mêmes qu’on défende avec minutie, de façon scrupuleuse et détaillée, quand pour le peuple, les droits sont à l’emporte-pièce, selon l’humeur du préposé aux droits, selon le bon vouloir des gardiens des droits.

Et pour couronner le tout, parce que ce n’est pas suffisant et que les choses ne sont pas assez loufoques, on décide de nous concocter un petit débat sur la binationalité.

Qui tu préfères mon garçon ? Ton papa ou ta maman ? Parce qu’il va falloir choisir, soit tu es un étranger chez ton papa, soit tu es un étranger chez ta maman. Et tant pis si tu es chez toi chez les deux.

Je suis Français par ma mère, je suis Tunisien par mon père, et je me sens autant l’un que l’autre. Je ne suis pas 50 % chacun, je suis 100 % chacun.  Il n’y a chez moi aucune antinomie à être les deux,  et cela ne m’a pas empêché de m’intégrer dans chacun des deux pays, d’avoir le sens du devoir civique, et de respecter chacun d’eux… jusqu’au jour où l’un d’eux me demande de choisir, jusqu’au jour où les débats dans l’un d’eux commencent à devenir nauséabonds. Ce jour-là, loin de fuir, loin de le quitter, ce jour là, ce pays, je vais le défendre, défendre son histoire, sa culture. Ce pays qu’une petite poignée tente de détourner de ses traditions. Et c’est possible, il n’y a pas de fatalité politique. La Tunisie l’a prouvé. Alors que certains n’oublient pas qu’un pays, par essence, c’est une nation, qu’une nation c’est un peuple, et qu’un peuple, ce sont des êtres humains, des Hommes.

En pendant ce temps-là, les agences de notations rendent plus pauvres les pauvres, plus riches les riches. Eh si, elles font ça, les agences de notation. Les moins bien notés devront emprunter plus chers aux mieux notés. On s’en fout de tout manière, c’est le peuple qui rembourse. Et à la vitesse où va l’endettement, ceux qui rembourseront ne sont même pas nés, alors ils ne risquent pas de râler.

Mais heureusement Luc Ferry est là et nous rappelle que « la politique est l’art d’empêcher les gens de s’occuper de ce qui les regarde. » Parce que manifestement, ce dont il parle, toute la classe politique est au courant, en a entendu parler, bref, tout le monde est au courant. Sauf nous.

Et vous savez quoi ? Toutes ces agitations, ça finit par devenir lassant. Alors il va falloir que ca se calme, qu’on revienne à la raison. Parce que ça ne va pas pouvoir durer éternellement. Allô la Lune ? Ce n’est pas la Terre qui vous parle, ce sont les Hommes.

... Alors quoi, il n'y a finalement que le sentiment qui peut être sincère ? l'action en est son expression,  vous pouvez juger par vous-même, mais l'évidence est là.

2 commentaires:

  1. L'absence fut longue, mais les retrouvailles émouvantes. Merci.

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  2. :-) j'aime et en tant que binational, je partage aussi ce sentiment de n'être ni d'ici, ni de là bas.
    Une chose pas contre à "ne pas oublier" : aujourd'hui l’info circule et ceux qui savent se font un malin plaisir à diffuser ... les histoires de cul ont toujours existé, aux temps des rois c'étaient carrément des orgies / partouzes au château, dans un passé plus récent ils ont préféré être plus discret ... ils ne furent pas des "hommes politiques agités" pour autant (et avec ça, je ne veux justifier rien et personne)
    Merci pour cet article.

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