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vendredi 6 mai 2011

allons, enfants ...


Bien. On commence par quoi ? Ce n’est pas la matière qui manque, ce sont les mots pour la décrire.

Commençons par le scandale qui secoue la Fédération française de football. Un enregistrement secret, d’un Français au nom à consonance arabe, sans doute dopé par les révolutions qui secouent la région de ses ancêtres, et qui décide ainsi de donner un grand coup de pied dans la fourmilière.

Et on apprend quoi ? Que les blacks, les Beurs, sont stigmatisés, sont différents. L’inégalité des races n’est pas loin, mais
le débat est plutôt porté sur les quotas des « binationaux », parce que traiter le fond des propos serait trop violent. Alors, on s’en tient à un petit vernis, à la limite de l’acceptable, mais qui a le mérite de n’être que polémique. Je suis navré, mais prétendre que les « blacks » sont plus physiques, et les blancs plus techniques, ça s’appelle du racisme, les quotas, ce n’est que secondaire.

Et Blanc - le sélectionneur, pas la couleur de peau -, nous explique que la phrase est sortie de son contexte, et qu’il s’excuse s’il a pu heurter. Oui, et bien qu’il s’excuse, moi pas. Et surtout qu’il m’explique quel contexte exactement permettrait non pas de tenir, mais de penser ces propos.

S’ensuivent ceux qui défendent, ceux qui accablent, ceux qui font les deux, mais tous s’étonnent, jouent les vierges effarouchées ; mais non, nous ne sommes pas racistes ! Mais non, il n’est pas raciste ! Ben si, vous êtes racistes, il est raciste. Au sens littéral du terme, oui, c’est du racisme.

Or, le curseur du racisme a tellement reculé, le politiquement acceptable est allé tellement loin, que pour ce genre de propos, nous en sommes rendus à nous demander si c’est condamnable ou pas.

Il y a un racisme latent, il y a un racisme « acceptable », tolérable, une limite dans le racisme à ne pas franchir. Et c’est de cette limite dont vous débattez. Voilà où nous en sommes aujourd’hui, débattre sur le racisme qui reste acceptable. On a tout simplement perdu la raison.

Mais l’honneur est sauf, on pousse des hauts cris quand un sondage nous annonce une Marine Le Pen au second tour des présidentielles !  De qui se moque-t-on ?

Et continuons dans le n’importe quoi : 300 réfugiés tunisiens traités comme des malpropres en France, pendant que la moitié de la classe politique française vient se pavaner en Tunisie, pour se féliciter de cette liberté retrouvée. Et je préciserai, trouvée, tout simplement. Le tourisme de masse est peut-être en berne en Tunisie, mais le tourisme politique ne s’est jamais aussi bien porté. Même Hillary Clinton a pointé le bout de son nez, voulant nous vendre du Microsoft à tout prix, puisque les armes ont déjà servi.

Il n’en demeure pas moins que la première question qu’on me pose, dès qu’on découvre ma tunisianité, est celle de ces malheureux réfugiés. « Mais alors comment se fait-il que des Tunisiens fuient, alors que, ça y est, vous êtes en démocratie ? » Question posée un peu ironiquement, un peu condescendante, et il faut entendre ce qui n’est pas dit : « Vous êtes peut-être libres, mais vous voyez, vous avez encore besoin de nous. » Le complexe de l’aliéné qui parle à l’Homme libre. Et ma réponse est toujours la même. La Tunisie, en démocratie ? Vous avez entendu parler d’une élection qui se serait déroulée depuis le 14 janvier ? Vous pensez qu’on se débarrasse comme ça, aussi facilement, en trois mois, d’une milice d’au moins 20 000 personnes, que vous avez formée, que vous avez armée, que vous avez financée, que vous avez soutenue ? Les gars, il y a encore du boulot pour défaire ce que avez contribué à faire pour passer vos vacances dans une région bien surveillée, bien docile ; pour financer vos campagnes électorales, bien chères, bien importantes. Alors oui, il reste encore des gens qui meurent de faim en Tunisie, qui sont victimes des dérives d’un système qui se meurt, mais qui est encore parfois présent.

Il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’Etat, on ne peut plus accueillir toute la misère du monde. Et comment ferait-on pour rembourser 1,2 milliards d’euros pour un médicament, le médiator, mortel pour les malades, si on accueillait toutes les personnes en difficultés de la planète.

Il y a aussi cet autre médicament, celui qui fait grandir, on ne sait pas ce que ça a couté, mais il a aussi tué. Et personne n’est responsable. L’argumentaire de la Cour est de dire qu’en l’état de la science à cette époque, on ne pouvait pas savoir que le médicament pouvait tuer. Ça c’est l’argument choc. Plus prosaïquement, j’ai tendance à dire que, dans ce domaine, quand on ne sait pas, il convient peut-être de s’abstenir, non ? Il fallait peut-être réfléchir à une molécule dont la science permettait de maîtriser l’ensemble des effets, non ?

Je vous annonce donc très solennellement que les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas une obligation de résultats, mais une obligation de moyens. Pour soigner, ça se conçoit, mais pour éviter de vous tuer, je trouve ça surprenant.

Dans ce grand n’importe quoi, heureusement, on a fini par tuer Ben Laden, dont le corps a été respecté dans la pure tradition musulmane, c’est à dire jeté à la mer, sans doute lesté pour être en direction de La Mecque. Car n’oubliez surtout pas : Ben Laden était musulman. Je vais encore me montrer désagréable, mais Ben Laden était un terroriste, fou furieux, d’ailleurs un temps formé et financé par l’Occident. Et je ne vois pas très bien pourquoi on nous parle de sa « musulmanité ». C’était un islamiste sanguinaire, dont aucun musulman ne se prévalait, bien au contraire.

Et enfin, encore une fois, la nature a eu la dernier mot, puisqu’après avoir englouti un islamiste illuminé, elle nous rend les deux boîtes noires de notre Airbus Rio-Paris, et ses malheureuses victimes qu’on va déloger à 4 000 mètres de profondeur, sans demander l’avis des familles, parce que nous possédons le grand livre de la Vérité.

Restent encore la Libye et la Syrie, et les drames humains qui s’y déroulent, mais là je n’ai vraiment plus de mots pour décrire ce qui s’y passe. Juste une sorte d’impuissance, un menton qui tremble, des yeux qui se mouillent, et une question : qu’est-il arrivé à l’Homme ?

Je pense à mes deux merveilleux petits enfants, encore pleins de naïveté, pleins d’espérance, pleins de vie, et je me dis que le combat n’est pas terminé, et que nous devons continuer à le mener, afin qu’il soit moins dur pour eux.

Alors je rêve d’un bon couscous besbes venu du haut du chemin pavé de pierres d’où j’observe la vie revenir à moi, pour me redonner les quelques forces qui commencent à me manquer.

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