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vendredi 1 avril 2011

La France expliquée...par sondage


Plus de la moitié des Français considèrent que le Front national est un parti politique… comme les autres. Au sens purement juridique, c’est évidement vrai. Au sens idéologique, c’est plutôt inquiétant.

La question à se poser, et que je n’ai pas beaucoup ni lu, ni entendu dans les débats qui s’en sont suivis, la première question, comme une sorte de préalable, est de savoir si ce sont les partis « traditionnels » qui ont glissé vers l’extrême droite, ou si c’est le Front national, qui, grâce ou à cause de sa nouvelle présidence, a adouci son image.

Il est de bon ton de considérer que Monsieur Sarkozy est à l’origine de cette banalisation, en banalisant lui même certains sujets, certains débats. D’autres vont même plus loin et
accusent, peut-être à juste titre, la droite d’avoir « dé-taboutisé » les thèmes les plus extrêmes du Front, et de lui avoir offert ainsi un boulevard, en soulevant des thématiques pour lesquelles les pitbulls frontistes étaient déjà bien rodés et avaient des réponses chocs toutes faites.

Les analystes les plus fins, quant à eux, estiment grâce à des études très scientifiques, dont eux seuls ont le secret, que le Front national, par la voix de Marine, a très largement adouci son discours, pour balayer un électorat plus large, moins radical.

Le paroxysme de l’analyse, les experts ès politique, ceux-là mêmes qui détiennent la vérité trop élitiste pour être expliquée, nous disent que c’est un mélange des deux, car A2+B2=A2+2AB+B2, et que donc on ne peut pas comprendre, mais que la vie politique française répond à un schéma systémique qui en fait le reflet de la racine carrée de la société française, que tout ceci est fort logique. C’est l’évolution pythagoricenne de nos mœurs qui, par sa projection thalessienne sur le paysage politique, fait du Front national un parti désormais traditionnel.

Bien entendu, je suis très loin d’être capable de comprendre la substantifique moelle du problème, mais quelques remarques me sautent aux yeux, les remarques entendues ici et là au Bistrot, par mes clients, souvent un peu imbibés, mais de bon sens populaire et de pragmatisme humain.

D’abord, ce n’est qu’un sondage. Puis, quelle était la question posée ? Comment était-elle posée ? Le panel ? Quel était le thème du sondage ? Les questions précédentes ?

Tout un tas de paramètres dont on sait qu’ils peuvent bien entendu fausser très largement le résultat. On fait dire à l’opinion ce qu’on veut.

Et quand bien même 52 % des Français considèreraient que le FN est un parti comme un autre, ça ne fait pas d’eux pour autant des fascistes en puissance prêts à en découdre avec le premier basané qui serait amené à se baisser dans la rue, même si ce n’est pas pour prier, mais pour refaire son lacet.

Il convient toutefois d’admettre que banaliser le Front national relève d’un certain laxisme intellectuel et que cette moitié-là soit allée un peu vite en besogne, et trop facilement dans la simplicité.

En même temps, pensent-ils, Marine le Pen, elle ne dit pas que des conneries. Ben si, justement, Marine Le Pen, elle ne dit que des conneries. Sauf que personne n’explique jamais pourquoi ce sont des conneries, ce qu’elle dit. Soit on s’offusque de la forme en poussant de grands cris, et en criant à l’unisson, d’une voix entendue, au scandale. Soit on balaie d’un revers de la main dédaigneux et on répond qu’on ne polémiquera pas avec ce genre d’individus. Et ipso facto, on lui laisse un boulevard et le sentiment que, finalement, elle soulève de vrais problèmes sur lesquels l’intelligencia intellectuelle, (la quasi redondance est volontaire), pose une chape de plomb car il n’est pas convenable d’en parler.

Et au final, même si on n’est pas d’accord, le raccourci est vite pris de dire que le Front national est un parti politique comme les autres car il traite de vrais sujets sur la France.

Je vous le dis, tout de go, non. Le Front national ne traite pas des vrais sujets, car les questions posées ne sont jamais les bonnes, et les réponses apportées sont médiatiquement commerciales, mais socialement improbables.

Les prières des rues sont-elles des actes djihadistes ? Non, bien entendu. Et être contre les prières des rues ne veut pas dire qu’on adhère aux idées du Front national, ni même qu’on partage l’amalgame au djihad.

L’immigration coûte beaucoup d’argent ? Oui. C’est vrai. Mais elle en rapporte encore plus.

Beaucoup d’Arabes et de noirs dans les prisons françaises ? Certes, mais que ceux habitant les quartiers défavorisées. C’est donc plus un facteur d’origine sociale qu’ethnique qui doit être mis en exergue.

Mais en fait, je pense à une chose... Le Front national se trompe, le Front national ne dit que des conneries, fausse le débat, stigmatise, divise, et est, finalement, bien loin des préoccupations des Français.  C’est peut-être pour ca, finalement, que 52 % des Français considèrent que c’est un parti… comme les autres… à coté de la plaque.

2 commentaires:

  1. Très bon article, bien écrit et avec l'insolence requise et maitrisée !

    Je ferais juste remarquer à l'auteur de que l'identité remarquable correcte est celle ci : (a + b)² = a² + 2ab + b² (et non a² + b² = a² + 2ab + b², auquel cas on a 2ab qui sortent du chapeau). Et je m'excuse si cette erreur était volontaire.

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  2. merci beaucoup et merci pour ce petit rappel de math, je dois avouer que j'avais oublié les identités remarquables, et mes enfants sont encore trop jeunes pour que je sois amené à les re-fréquenter (les identités remarquables). Ceci dit, le 2AB qui sortent du chapeau était volontaire : nos experts nous rajoutent toujours des paramètres dont on ne comprend jamais très bien d'où ils sortent .

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