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jeudi 20 septembre 2012

Libre de vous le dire


Le Co-branding, vous connaissez ? Vous, peut-être pas, Charlie Hebdo oui. Le co-branding en substance, et pour l’exposer par un prisme qui m’arrange en l’espèce, c’est lorsque deux marques s’associent pour communiquer sur leurs produits.

Charlie Hebdo et l’intégriste radical qui se réclame d’un islam dont il a seul cette lecture radicale, pratiquent tout deux le Co-branding.

Charlie Hebdo nous explique qu’on ne peut pas blasphémer les musulmans sans que ne se manifeste la folie sui generis du musulman. La preuve ? Ils vont tout casser à la publication de ces caricatures.

Et les autres fendus du ciboulot, ils vont faire quoi ? Ben ils vont tout casser à
la publication des caricatures.

Choses promises, choses dues. Personne ne pourra ester pour publicité mensongère.

Et chacun a rempli l’espace médiatique. Le premier a vendu son journal jusqu’à plus soif, le second à recruter encore quelques faibles qui, las de se faire stigmatiser, pour qui tout espoir d’une vie meilleure sur terre a disparu, vont aller rejoindre les illuminés prometteur d’une mort meilleure, entourée de 30, 40, 78 vierges, les versions divergent. Et en un mot pour divergent.  Quoiqu’il en faudrait au moins dix pour autant de vierges.


Attention, débat miné. Liberté d’expression versus respect des croyances. Terrain glissant. Les arguments peuvent être dangereux. A double tranchant. Boomerang. Il faut être habile. Réfléchir. Eviter le lieu commun, éviter l’intuitif et réfléchir raisonner. Pas pour moi en somme. Je ne devrais pas m’y aventurer.  Je ne fais que servir les plats dans ce bien modeste bistrot et je crois que là je m’attaque à trop grand, trop lourd. Tant pis. Après tout, je libre de m’exprimer !

Donc on ne tombe pas dans le cliché sur la loi Gayssot et l’interdiction du négationnisme. On ne compare pas un fait historique, récent, qui a marqué la planète par son horreur, à une croyance, religieuse, idéologique, même si un milliard et demi de personnes considèrent que ce sont des faits tout aussi historiques. Le fait est que les crimes atroces subis par les premiers ne peuvent en aucun cas être comparés aux vexations subis par les seconds. Les juifs auraient mille fois préféré la caricature au génocide. Et même l’écrire me gêne, à l’égard de toutes les atrocités commises par les nazis et leurs alliés, appelés aussi collabos dans certains pays.

On ne tombe dans la realpolitique non plus et on ne compare pas à Dieudonné qui, lui, a été condamné. Même principe, même punition.

Encore une fois, il n’est ni toléré ni tolérable de remettre en cause l’extrême souffrances et les ignobles atrocités subies le siècle dernier, du seul de leurs appartenances à la religion juive, de six millions de personnes. Et pinailler sur les chiffres ne rend pas le crime moins horrible. Pinailler sur les éventuelles collaborations de juifs dans ce génocide, ne le rend pas moins insupportable.

Un peu de décence, un peu d’empathie s’il vous plait. J’ai trouvé ces comparaisons que j’ai entendu ici et là au bistrot particulièrement déplacées.

Et voilà, nous y sommes. Le point de jonction est là. Ici. Juste là. D’un point de vue moral. Par le prisme des valeurs humaines universelles.

Les mêmes qui ont conduit a promulguer la loi Gayssot, les mêmes qui font qu’on ne se gare pas sur une place handicapée, les mêmes qui font qu’on ne frappe pas une femme, qu’on ne violente pas un enfant ; l’empathie et les valeurs morales universelles.

Oui, la liberté d’expression est une chose importante. Mais de quelle expression parle t-on au juste. Dessiner le prophète d’une religion, c’est à dire une croyance sacrée pour un groupe d’individus, dessiner ce prophète nu, testicules et sexe pendants, une étoile sur l’anus relève de l’expression de quoi exactement ? Qu’exprime t-on par là ?

Veut-on illustrer que les réactions à ces dessins seront violentes ? Mais il n’agit alors plus de liberté d’expression, mais de liberté de provocation.

Voyez-vous, un peu comme si vous marchiez dans la rue, et puis une personne très grosse, particulièrement disgracieuse à votre goût croise votre chemin, croise votre regard. Cette personne est mal dans sa peau. Mal dans sa peau parce que les canons de beauté du moment sont à l’anorexie, au teint bronzé, et que le strabisme est plutôt mal vu. Elle serait née au 19ème siècle, et cette même personne aurait sans doute correspondue en tout point aux exigences de la beauté d’alors et de là bas. Mais voilà elle est née au 21ème siècle et peu après qu’une même grosse, disgracieuse, folle furieuse se soit jetée sur une tour au motif fallacieux que les gros sont stigmatisés. Au 21ème siècle, où un chroniqueur télé se croit autorisé de dire que la majorité de la population carcérale française était obese et disgracieuse, insinuant ainsi que c’est l’obésité qui fait le criminel.

Vous passez et vous lui dites, t’es moche, t’es grosse la bigleuse.  Et puis vous la caricaturez et vous publiez le dessin.  Ca fait bien partie de la liberté d’expression ça.

Elle, fatiguée d’être sans cesse moquée, elle va se suicider. Et on titrera que les obèses sont des déséquilibrées qui se suicident.  Mais nous on a rien fait, on lui dit notre vérité, liberté d’expression oblige. Faut pas deconner avec ça, la liberté d’expression. On ne joue pas avec la liberté d’expression. On peut tout dire à tout le monde.

Et si vous n’êtes pas d’accord, vous êtes un affreux totalitaire. Parce que la liberté d’expression ne tolère aucun débat. C’est un tout, sans retenue ni réserve, sans valeur ni morale. C’est une liberté sui generis (elle aussi) qui ne souffre ni de limites ni de restrictions. C’est une liberté qui ne se respecte pas elle, puisqu’on ne peut même pas en débattre.

Et la liberté, la vraie est là. La Liberté, pas celle de l’expression, ni celle de la presse, ou celle de la parole ou du culte, non la Liberté en un mot.  La vraie liberté est dans le choix sage de ne pas publier ce type de caricatures, de ne pas faire ce type de films. La Liberté, la vraie, l’absolue, c’est d’avoir le choix. Le choix de ne pas avoir à heurter son prochain. De ne pas avoir à blesser son prochain, de ne pas avoir a offenser son prochain. D’être détaché de toute haine. Le choix de ne pas faire mal. Gratuitement. Libre de ses névroses, libre de ses peurs, la peur de son prochain, de son voisin, de celui qui est différent.

Alors vous autres pourfendeurs de cette liberté d’expression là, qui consiste à dire, à dessiner, à filmer, à chanter, bref à exprimer ses pulsions du moment, ses ressenties du moments, ses impressions du moments, à être l’otage parce que plus fort que tout, de sa réaction, il vous faut l’exprimer, même si ca doit faire mal à d’autres, même si ça doit faire de la peine à d’autres, il vous faut absolument l’exprimer. Vous êtes emprisonné dans ce besoin, alors que moi je suis Libre, Libre de ne pas être contraint de le faire.

Ne vous méprenez pas. La Liberté que vous défendez tant, c’est celle d’avoir le choix. Faites une loi interdisant l’atteinte au sacré, et la faculté du choix disparaît. Ce n’est plus admissible. Donc il faut bannir cette loi. Au nom de liberté. La Liberté ne doit pas souffrir d’une quelconque restriction légale, sa seule restriction doit être de l’Homme, par l’homme, grace au choix, au libre arbitre.

Car Dieu, celui du juif, du musulman ou du chrétien, a créé l’Homme libre, libre de ses choix, libre de ses actes. Il lui a conseillé des repères pour exercer cette liberté, mais il n’a fait que le conseiller, par des écrits, par des révélations. On sera probablement comptable de l’usage de cette liberté, mais IL nous a rien imposé, car s’IL avait voulu nous les imposer, IL ne nous aurait pas créé libre.

Et vous savez pourquoi ce Dieu là a créé l’Homme libre ? Par Amour.

Alors faites ce que vous voulez. Les Uns, publiez vos caricatures, faites vos films exprimez vous. Vous ne m’atteignez pas. Les autres brulez, cassez, tuez. Vous ne m’atteignez pas.  Bien sur je serai peiné et attristé du comportement des premiers. Bien entendu je serai outré et révolté de l’attitude des seconds. L’extrême responsabilité des seconds ne me fera pas oublier la responsabilité des premiers. Et ne me parlez ni de l’œuf, ni de la poule, les deux sont à blâmer. Les seconds plus forts que les premiers. Bien plus fort. Toutefois cela n’annihile pas les blâmes à adresser aux premiers. Mais au final vous ne m’atteignez pas, car vous ne réussirez pas à changer ce que je suis, ce que je pense, ce à quoi je crois. Vous ne m’atteignez pas, parce que je suis Libre d’être celui que je suis. Et je ne « Serai » en aucun cas par réaction à ce que vous dites, pensez ou faites. Je ne serai du verbe Etre.  Car Humain.

C’est peut être la différence entre vous et moi. Vous qui publiez vos dessins qui ne servent à rien d’autre qu’à réagir pour faire réagir, et vous qui avez trouvé le prétexte pour sur-réagir.

Et au final, après tout ça,  je ne sais pas lequel de nous est le plus blasphématoire envers la liberté d’expression. Je ne sais pas lequel de nous est le plus blasphématoire envers la religion.  Ce qui est sur, c’est que de nous deux, je suis le plus Libre. Libre de ne pas le dire. Libre de ne pas avoir à réagir. Libre d'aimer même s'il n'est pas moi. Libre d'aimer même s'il est différent de moi. Et Libre de vous l’écrire.

1 commentaire:

  1. Dans la recherche de la réconciliation avec soi même, on a usage de dire : Que lorsque quelqu'un est dérangé, le problème appartient plus à lui qu'à celui qui le dérange. Manifestement vous êtes un homme bien avec lui même. Malheureusement c'est chose trop rare. C'est le message à faire passer. Être sans réponse, sans réaction aux stimuli extérieurs.

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