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jeudi 16 juin 2011

le jour d'après


Il est des jours où l’actualité dépite, chagrine, blesse, révolte. Le souci est que ces jours se suivent, sans interruption, depuis trop longtemps, aussi loin que remonte ma compréhension de la société où nous vivons. Dans un monde utopique, on souhaiterait que cela cesse. Dans un monde réaliste, on pourrait faire que ces jours s’espacent.

A la demande de l’Ambassade de Tunisie en France, gérée par un chargé d’affaires, ce matin à l’aube, l’Etat français a procédé à l’expulsion



des réfugiés tunisiens qui avaient élu domicile, chez eux, dans un bâtiment dont on ne connaît pas très bien le statut, anciennement affecté au RCD, parti de Ben Ali, mais de ce fait légitimement récupéré par le peuple tunisien.

Ces refugiés ont pour la plupart été relâchés depuis, mais sans endroit désormais où dormir. Le gouvernement tunisien, en demandant l’expulsion de ses propres ressortissants, a-t-il pensé à une solution de relogement ? Les archives du RCD sont donc plus importantes à ses yeux que le sort de ses concitoyens ? Quant à la France, passons, il est bien loin le temps où nous rédigions la Déclaration des droits de l’Homme.

Il n’en demeure pas moins que j’ai entendu ici et là des voix s’élever contre ces refugiés.

Alors soyons très clair. Le prochain qui me dit qu’il ne comprend pas pourquoi ils fuient la Tunisie, alors que c’est maintenant une démocratie, je pense que je lui mets mon verbe dans la gueule. Une démocratie, la Tunisie ? Vous avez entendu parler d’un scrutin qui s’est déroulé quelque part en Tunisie ? Un seul Homme a-t-il été élu par le peuple depuis le 14 janvier ?

Je vais vous dire mieux, la situation juridique du pays n’a jamais été pire. L’Assemblée nationale a été dissoute, mais son président est Président de la République par intérim, en vertu d’une constitution qui n’existe plus, laquelle a été suspendue par un gouvernement qui aurait dû laisser sa place depuis le 14 mars.

Attendez, ce n’est pas fini. Le scrutin pour l’élection de l’assemblée constituante est organisé par une commission de personnes nommées par une autre commission, et pour lequel le premier Ministre du gouvernement provisoire va prendre un décret-loi en vertu d’un pouvoir qu’il n’a pas. Alors en terme de démocratie stricto sensu, ça se pose là. Et pas ailleurs.

Et pendant ce temps là, l'Islande indépendante du Danemark depuis 1994 seulement, écrit sa nouvelle constitution sur le web, par le web, par le peuple, pour le peuple. La presse appelle ça une constitution collaborative, moi j’appelle ça la démocratie. Les moyens d’expression populaire évoluent, le modus operandi démocratique doit suivre.

Toujours sur la toile, pour les derniers réfractaires, et les nostalgique du pneumatique, Twitter a permis d’améliorer le sort du quotidien d’un tétraplégique, sort bien mal engagé, certaines administrations en France avaient juste oublié que le citoyen lambda avait désormais les moyens de s’exprimer, et le politique n’avait plus les moyens de fermer le yeux.

En Syrie, le massacre continue. En Libye le génocide s’est banalisé. Et Rama Yade démissionne de l’Unesco car elle trouve qu’elle manque de liberté. Son combat pour Jean-Louis Borloo est inconciliable et plus important que celui de l’Unesco, rappelons-le en charge notamment de « contribuer à l’édification de la paix, à l’élimination de la pauvreté… » On ne doute plus de rien en politique, on peut tout dire, tout penser, le pouvoir est une finalité, non plus un moyen.

En France nous sommes donc au début de la campagne pour les élections présidentielles, et les programmes pour le futur du pays vont bon train. A savoir qui se ralliera à qui au PS. Aubry versus Hollande ? Les ténors de DSK se reporteront sur qui ? Chévenement, ira ou ira pas ? Ca dépend de Montebourg ? C’est qui Montebourg ? Monsieur Propre. Ah ? Ok !

Sarkozy, il y va ou pas ? Il prendra peut être un congé parental ? C’est en tout cas le programme de Ségolène Royale, l’y mettre pendant 5 ans. Ok mais Sarkozy alors, c’est quoi son programme ? Il s’en fout, il n’a pas de problème de femme de chambre à régler.

Bon, ben l’UMP ? Elle lutte contre le Front national. Ah, bonne nouvelle. Mais non, elle lutte en voulant le vider de sa substance. Ah ? Bon, ben tant pis alors.

Mais en termes de programme, de projet pour la France, de vision du monde ? Ca faut demander à BHL, il organise pour la gauche, il conseille pour la droite.

Et pendant ce temps, les choses suivent leurs cours. La viande donnée à nos enfants a manqué de les tuer, l’UMP prépare un désengagement de l’Etat en matière de sécurité, et Guéant veut armer la police municipale pendant  qu’on débat sur le dépénalisation du cannabis. Les homos et les lesbiennes qui veulent se marier ne pourront pas le faire, parce que le vrai sujet, c’est qu’on ne veut pas qu’ils adoptent.

Mais tout va bien et le procès contre le Mediator aura bien lieu par citation directe, en septembre à Nanterre, sans instruction donc.  Les juges devront trancher la question de savoir s’il y a eu tromperie de la part du labo, à savoir que si Servier avait dit qu’il s’agit d’un coupe-faim ou un dérivé des amphétamines, il aurait été retiré de la vente depuis 1997. Or en le présentant comme un produit qui a pour seule finalité de lutter contre le diabète, le produit a pu rester sur le marché.  Je vais vous dire une chose, un médicament qui tue, je considère que c’est une tromperie, par essence, ou alors je n’y comprends vraiment plus rien.

Mais là c'est le soir, alors on vera bien de quoi demain sera fait, sans grand espoir.

Allez, salut à tous, et mes hommages appuyés à la ville mutuelle.

2 commentaires:

  1. Vous êtes sacrément en colère et bizarrement ça me rassure quelque part.

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  2. merci !! oui, difficile de ne pas être enflammé

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