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lundi 18 avril 2011

On peine en France... deux fois


La double peine, c’est être condamné deux fois pour les mêmes faits, à deux peines différentes. Et parfois même par deux juges différents. Sinon, ca ne serait pas totalement injuste. Et tant qu’à faire, ne frisons pas l’injustice, bouclons-la.


Et la boucler, précisément, c’est peut-être finalement parfois la meilleure solution pour être entendu. On se dit qu’ils vont quand même finir par vous demander votre avis. On caresse le doux rêve que les certitudes de nos « juges » vont finir par vaciller quand le silence deviendra trop assourdissant, trop gênant. C’est bien mal connaître l’espèce humaine. Juger puis punir, ou, paroxysme de la certitude, punir simplement par présomption de culpabilité. Ce sont peut-être là les choses les plus communément partagées.

Mais on digresse, on philosophe, et faut pas déconner, il y a des verres à servir au Bistrot. Alors où
en sommes-nous ?

Ben, en fait tout va bien, rien ne change. On se prend une bonne mousse à la table de droite, et pression s’il vous plaît. Parce que tous ces étrangers, ca commence à bien faire, et ça met sous pression précisément. 200 000 par an ? Ben on va descendre à 180 000. Faut diminuer de 20 000, parce qu’on aime bien les 20 000. C’est l’objectif annuel de reconduite à la frontière pour les clandestins, c’est le nombre de travailleurs légaux immigrés qu’il faut diminuer, et puis c’est ce qu’on touche quand on passe par la case départ au Monopoly. Et à propos de départ, s’ils continuent sur cette voie-là, va falloir sérieusement songer à s’y préparer pour 2012, au départ. A force de vouloir se faire mousser, on finit en bière.

Le combat va être rude, et à droite, on soigne sa droite. Le coup des immigrés c’est bien, mais peut-être que tout le monde n’a pas compris, alors on nous propose un bel uppercut du droit toujours par une petite stigmatisation sur l’islam dont le culte pose problème en France. On embraye sur un crochet, mais encore du droit avec un joli débat sur les dizaines de milliers d’immigrés clandestins tunisiens qui envahissent l’Europe depuis l’Italie. Mais on flatte au passage les mêmes Tunisiens qui accueillent en ce moment même plus de 100 000 refugiés de Libye, quand nous on lui fait la guerre.

Des armes d’accord. Des Arabes, non. En fait, les immigrés tunisiens clandestins, pourquoi on ne les appelle pas des réfugiés ? Parce qu’on n’a pas fait la guerre en Tunisie, on a juste voulu y envoyer du matériel ? ou parce que tout simplement ils ne sont pas clandestins mais possèdent des papiers généreusement distribués par l’Italie ?

Et à gauche pendant ce temps on soigne l’esquive. Alors c’est simple, chez eux, à part les primaires, et les candidats à la candidature, il ne se passe rien d’autre dans le monde. DSK ou pas DSK, Aubry ou sa capacité de rallier la frange gauche de la gauche, l’ex de Ségolène dont le nom m’échappe qui serait le seul à pouvoir récupérer l’aventurier d’Ushuaia ou encore la Ségolène, byherself, qui voudrait que son nom devienne autre chose qu’une catégorie de Pizza ou un genre de couscous. Bref à gauche, on attend, et en attendant on s’ennuie, alors on fait un programme qui ressemble à une grille de sudoku, c’est à nous de trouver les chiffres pour remplir les cases. Je l’ai donné à mes enfants, ils s’en servent pour faire des dessins.

L’underground parisien s’émeut du sort de Skyrock et découvre que même une radio a des impératifs économiques. Les gars, ce n’est pas Skyrock qui faut sauver, c’est juste le monde qui part en sucette. Et Skyrock c’est un des symptômes, mais ce n’est pas le mal. Alors sauvez les Skyblogs, puisque c’est ça le vrai sujet, mais n’oubliez pas de lutter également pour la liberté des peuples, et la première d’entre elle qui n’est pas de créer librement un blog, mais de bouffer.

Enfin, tout ca est bien futile et, me dit très justement un ami tweeple, le vrai sujet du moment, c’est de criminaliser les usagers du sexe tarifé. Parce qu’en France, aujourd’hui, c’est plus facile de s’attaquer aux symptômes qu’aux maux. Et voilà que ces – pour la plupart – pauvres femmes, qui jusqu’ici étaient contraintes de vendre leurs faveurs à des hommes dont la bourgeoise ne veut plus satisfaire l’un de leurs besoins vitaux, voilà donc que ces pauvres femmes, vont maintenant se farcir des criminels… en puissance s’il vous plaît.

Je vous le dis, c’est de la double peine, ou je ne me m’y connais pas.

Alors moi, finalement dans tout ça, quand mon service est terminé, je me délecte de mon couscous au fenouil venu directement du berceau qui enfanta le bonheur, et je me dis que même Jeanne d’Arc, qui a certes mis du temps à entendre les voix de l’évidence, a fini par accepter la main tendue, celle de son destin. Alors, maintenant, qu’on la laisse tranquille, se reposer enfin et sereinement comme elle le mérite.

2 commentaires:

  1. "Prohibition, prohibition!"
    je suggère qu'on autorise les armes à tous les citoyens pour en faire des "incorruptibles"...
    Ah, où est le temps de ma jeunesse, où nous avions gagné le droit d'interdire d'interdire...
    Tout se perd mon bon Monsieur...
    Annie

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  2. Heureusement qu'il y a, comme vous, des personnes vigilantes.
    Votre plume est agréable à lire. Bravo ... et merci pour le reste...

    Annick

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